Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Luc 9,2
« Il est bon que nous soyons ici… »
Voici tout ce que Pierre réussit à balbutier en voyant Jésus « drapé de lumière comme d’un manteau » sur le mont Thabor. La Gloire de Dieu, visible, enveloppe le Maître.
Moïse et Elie s’entretiennent avec lui : c’est le ciel descendu sur la terre ! Pierre est bouleversé, ne sait pas quoi penser ; l’idée lui vient alors d’agir.
« Faisons donc trois tentes », propose-t-il. Mais « il ne sait pas ce qu’il dit ».
« Est-ce toi qui me bâtiras une maison ? » avait demandé le Seigneur au roi David, dix siècles plus tôt. Pierre ne dressera donc pas de tente sur le Thabor, pas plus que David de temple en dur. Pis encore, le chef des apôtres ne sera même pas capable de suivre Jésus jusqu’à la croix.
Nous aimerions parfois « capter » la grâce et lui construire, à notre idée, « une maison ». Mais de telles vues sont forcément courtes. Nos meilleures intentions peuvent nous mener droit dans le mur, avant que nous ne comprenions que l’initiative est à laisser à plus grand que soi.
Le chemin de la lumière passe par la croix de Jésus, allaient l’apprendre les apôtres. C’est ce que nous enseigne toute notre vie avec Dieu. Après le bonheur transfigurant du Thabor, il faut descendre dans la plaine, là où nous attendent nos frères et nos sœurs. La rencontre avec Dieu passe par la rencontre avec nos proches, quels qu’ils soient, de notre race ou pas.
Avant que ne brille sur nous, sans obstacles, la lumière du Christ, une conversion en profondeur est indispensable.
Se convertir, qu’est-ce, sinon laisser Dieu faire son œuvre en nos cœurs larges ouverts… ? Au cours de ce Jubilé, l’Église sera encore davantage appelée à soigner les blessures, à les soulager avec l’huile de la consolation, à les panser avec la miséricorde et à les soigner par la solidarité et l’attention. Ne tombons pas dans l’indifférence qui humilie, dans l’habitude qui anesthésie l’âme et empêche de découvrir la nouveauté, dans le cynisme destructeur. Pape François