Chercher Dieu en enfer
Le samedi saint, le Fils commence à chercher Dieu en enfer, donc dans le mystère du Père, mais où il voit ce qui est rejeté par le Père, où donc le Père ne peut être visible. Il le cherche tout de même… Parce que ici il n’y a que ce qui est rejeté, repoussé, enlevé, il ne peut pas trouver. Il est ainsi dans une pure solitude. Cette solitude est pour lui toute différente de sa solitude sur la croix. Sur la croix, il pouvait encore appeler Dieu son Père auprès de qui il avait tout déposé, même s’il ne le voyait plus… Sur la croix, le Seigneur est mort pour communiquer la vie. Ici il n’y a plus de vie, tout est mort et rejeté. Sur la croix, la souffrance avait encore au moins le visage du sacrifice, et donc de l’amour, la recherche du Père se faisait dans une sorte d’amour productif. Ici aucun amour n’est plus possible parce qu’il n’y a plus la moindre chose digne d’être aimée… La recherche de Dieu en enfer n’a pas d’espoir de le trouver, c’est une recherche dans le chaos. Car derrière chaque péché, le Fils ne voit qu’une chose, c’est que le Père n’y est pas… Il y a une descente progressive dans la boue du péché… Plus il y entre, plus le pénètre l’absence du Père… Ce que le Fils voit, c’est ce qui est rejeté et éliminé définitivement par le Père, ce à quoi n’adhère plus rien de la relation originelle au Père.
Adrienne von Speyr (1902-1967)