Lytta Basset : “Le Christ n’a eu de cesse d’affronter les comportements pervers”

Dans son livre Faire face à la perversion, la théologienne protestante analyse ces comportements relatés dans les Évangiles. Et en dégage des pistes spirituelles pour s’en protéger.

 

On n’a jamais autant parlé qu’aujourd’hui de perversion narcissique. D’après vous, cela existe depuis toujours et le Christ lui-même a dû y faire face…

 

La Bible est truffée d’exemples de comportements pervers et le Christ n’a cessé de les affronter. Des religieux de l’époque cherchaient par exemple à s’emparer des faits et gestes de Jésus afin de le coincer et l’accuser. Dans Matthieu, Marc et Luc, les pharisiens envoient des émissaires, des « espions », pour manoeuvrer en coulisses (perversion). Ils leur font dire : « Maître, nous savons que tu es vrai et le chemin de Dieu, tu l’enseignes en vérité. Tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne regardes pas à la face des humains… » (tu n’agis pas à la tête du client). Il y a là de la séduction : seducere, en latin, signifie « conduire à soi-même ».

On manipule autrui de façon à se l’assimiler (forme de prédation). Les personnes perverses savent caresser dans le sens du poil. En fait, les émissaires lui tendent un piège : faut-il payer ou non l’impôt à César ? Ils savent que leur question va mettre Jésus en danger. Car, soit il est cohérent avec lui-même et il va dire qu’il faut se soumettre à Dieu seul et il tombe dans l’illégalité, soit il s’incline devant l’occupant et il se discrédite auprès des croyants. Voilà donc un mélange explosif de séduction et de manipulation.

Dans votre livre, vous détaillez des facettes de la perversion (mensonge, culpabilisation, confusion…). La perversion narcissique englobe-t-elle tout cela ?

Les spécialistes estiment que 2 à 4% de la population seraient structurés ainsi. Le noyau de la perversion narcissique est le refus de l’altérité : l’autre n’a pas le droit d’être autre. Aussi, ces personnes sont incapables de se remettre en question. Il existe des comportements pervers à des degrés divers. Toutes ces manoeuvres que j’ai détaillées, Jésus en a fait les frais… et nous risquons tous de glisser sur cette pente. Le Christ a averti autant ses adversaires que les disciples eux-mêmes.

D’un point de vue chrétien, que peut-on espérer des pervers narcissiques ?

Même lorsque la personne a été diagnostiquée comme telle, qui suis-je pour dire qu’elle est condamnée de façon définitive ? Dieu seul le sait. Jésus révèle une série de ressources spirituelles que nous avons en nous pour nous mettre à l’abri de ces comportements destructeurs… et laisser ouverte la porte au Souffle saint.

Vous préconisez donc de rester ouvert au Souffle tout en se mettant à l’abri…

J’ai beaucoup entendu et lu qu’il fallait partir en courant face à quelqu’un de pervers narcissique. Mais cela ne collait pas avec ma perception de l’Évangile et ma vision de notre potentiel spirituel. Aussi, une mère, un père, quelqu’un de proche dans sa famille, on l’a pour la vie. Il n’est pas toujours facile de se détourner de façon radicale. Je pense qu’on peut garder la relation ouverte en connaissance de cause, notamment par un énorme travail de différenciation vis-à-vis de la personne manipulatrice, toxique et destructrice.

Et quand il s’agit de son conjoint ?

C’est pareil. Je vois des personnes qui sont dans une totale lucidité par rapport aux stratégies perverses et répétitives de leur conjoint, mais qui ont décidé de garder la relation malgré tout. Elles sentent en elles qu’elles le peuvent. J’ai observé bien des fois que cela les faisait aussi évoluer d’être confrontées au quotidien avec une telle personne. Je pense à une femme qui a appris à prendre enfin sa place, en refusant de laisser passer les stratégies perverses, en les nommant autant que nécessaire, en se positionnant, en se faisant respecter.

Le combat qu’elle mène est avant tout pour elle. Ce n’est pas pour que l’autre change : il y a là un deuil à faire. Certains aussi restent en connaissance de cause, car leur conjoint serait anéanti par la séparation. On est dans ce que la Bible appelle Agapé : l’amour inconditionnel, sans attente de réciprocité. Cela ne peut venir que de mes ressources spirituelles, de Dieu en moi. Et c’est rare car beaucoup ne peuvent pas aller jusque-là.

Pouvez-vous développer cette idée de la différenciation ?

Se différencier consiste à travailler sur son altérité et son droit à être différent. Jésus dit : « Ne croyez pas que je suis venu apporter la paix sur la terre. Je suis venu apporter l’épée » (Matthieu 10, 34-36). Il nous donne les moyens de nous différencier les uns des autres, en sortant de la confusion que la personne perverse crée et entretient puisqu’elle ne cesse de projeter sur moi ce qui lui appartient, jusqu’à me rendre fou ou folle ; en me culpabilisant pour ne pas assumer sa propre responsabilité etc. C’est son problème.

Dans la mesure où je suis clairement conscient de mon altérité, je n’ai plus besoin de me protéger. Et dès qu’il y a une invasion j’agis en conséquence. Je peux revendiquer et occuper mon propre territoire, refuser d’être « intrusé » par la personne, et je lui reconnais son propre territoire (même si elle ne reconnaît pas le sien). Plus on fait ce travail, plus on est capable d’exercer cette autorité qui vient de Dieu. Le Christ s’est positionné en disant : « Moi, je suis ». Voilà une parole irremplaçable, unique en chacun, qu’on ne peut ni usurper ni étouffer. Nous avons tous au fond de nous ce « Moi, je suis » divin, qui est notre espace sacré, inviolable sur lequel aucune personne perverse n’a de prise ni d’emprise.

Quelles sont les ressources spirituelles pour affronter la perversion ?

Si je suis bien à l’écoute de cet ego divin, je vais par exemple choisir le bon moment pour parler, comme Jésus l’a fait. Voilà une ressource spirituelle : sentir que telle chose n’est pas à dire maintenant, car cela pourrait se retourner, être utilisé contre moi. Ce n’est pas du calcul, mais du discernement en âme et conscience. Car tout l’enjeu est de favoriser la relation, ce que ne veut pas la personne perverse. Une autre ressource est de trouver ou retrouver la parole.

Dans tous les contextes où l’on doit se défendre, combien de fois est-on totalement paralysé après avoir été trop longtemps victime ? Jésus dit :

« Ce que vous entendrez du Souffle saint, vous le direz, dites-le, ne vous inquiétez pas à l’avance. » 

Une troisième ressource est le retrait au bon moment. Tant de personnes n’osent pas prendre leur distance avec une personne perverse parce que « ce n’est pas chrétien » ou « pas gentil ». Jésus l’a lui même fait « x » fois, soit physiquement, soit intérieurement. Dans le récit de la Passion, lorsqu’il est harcelé de questions tendancieuses et mensongères, il se retire à l’intérieur de lui-même. Les ressources sont aussi nombreuses que les comportements pervers sont multiples… et la Vie toujours plus forte que ces agissements mortifères.

À lire
Faire face à la perversion, de Lytta Basset, 22,90 EUR.(Albin Michel)

http://www.lavie.fr/debats/idees/lytta-basset-le-christ-n-a-eu-de-cesse-d-affronter-les-comportements-pervers-06-11-2019-10166

DD: omagiu regasit, dupa 20 de ani

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Putini sunt cei alesi sa aiba harul de a influenta intr-un mod major si ireversibil vietile altora. Doru Davidovici a fost unul dintre ei. Cartile sale au reusit sa transmita unui numar extraordinar de mare de oameni, emotiile unice ale pilotului roman aflat la mansa supersonicului sau “de suflet”, Mig-ul 21. Doru a iubit Aviatia Romana si pe Oamenii ei. Sper ca in 20 aprilie 1989, sa fi luat cu el acolo sus dragostea celor care l-am cunoscut direct sau doar prin scrierile sale. Dincolo de pasiunea sa nemarginita pentru zbor, am descoperit la Doru un altruism infinit pentru cel de aproape, pentru colegii sai de zbor, si o dragoste de oameni in general.

Egoismul, cinismul si minciuna nu au existat pentru el; a imbratisat cu toata fiinta sa ideea unei camaraderii si increderi totale intre piloti, lucruri fara de care orice zburator devine un simplu si patetic sofer de avion.  Este imposibil pentru cineva sa nu incerce inca sentimentul acela de absurd, de inutil, oare s-ar fi putut si altfel? Este dureros sa citesti randurile in care Doru descrie plecarea in ultimul lor zbor, rand pe rand, a atator prieteni de ai sai, cu o tragica premonitie a ceea ce va urma. Dar ce isi poate dori oare un pilot, mai mult decat un ramas bun cu mana inclestata pe mansa…

Se spune ca disparem cu adevarat doar atunci cand amintirea noastra dispare. Doru si-a facut datoria fata de ai sai; prin cartile lui,  pilotii supersonicului romanesc raman cu noi. Acum incercam la randul nostru, la Aviatia.ro, sa aducem un modest omagiu cuiva care a influentat destinul uman si profesional al atator oameni. Si nu numai lui. Prin Doru omagiem pe toti pilotii militari romani, atat de incapatanati in dragostea lor pentru zbor si pentru cerul romanesc, si atat de nedrept uitati pe aerodromurile prafuite ale Romaniei.

Prin această Pagina Memoriala incercam o prezentare cat mai detaliata si fidela a omului, pilotului si scriitorului Doru Davidovici.  Aviatia.ro doreste ca pagina dedicata lui Doru sa devina intr-un fel, un loc de “pelerinaj” al celor care inca mai simt pasiunea sincera pentru zbor, intr-o lume devenita brusc atat de cinica si indiferenta la tot ce inseamna Aviatia Romaneasca.

Omul, Pilotul si Scriitorul Doru Davidovici a influentat viata unui numar de neimaginat de mare de oameni, care ii poarta si acum, dupa ani de zile o amintire extrem de vie si de calda. Pe multi dintre prietenii mei i-am cunoscut practic dintr-un singur motiv: citeam toti cartile lui Doru Davidovici, al carui stil literar imi aminteste de St.Exupery. Intr-un veac in care pasiunea pentru aviatie si patriotismul s-au demonetizat pana la disparitie, fiind inlocuite cu oportunismul si cinismul, Doru Davidovici si cartile sale raman cumva o lumina la capatul tunelului.

Doresc sa adresez un cald “Multumesc!” d-nei Victoria Dimitriu (sora) si d-lui Stefan Davidovici (fiul) pentru sprijinul moral (si prin documente) acordat realizarii Paginii Memoriale “Doru Davidovici”.

Closterman scria candva: “(…) ei nu pot intelege, nu-s piloti de vanatoare”. Gresea. Noi intelegem, si din acest simplu motiv, Doru e cu noi…

Anii se scurg intr-o dureroasa neuitare, iar cartile lui DORU raman mereu acolo, pe raft sfidand trecerea inexorabila a timpului…Nu a fost doar un simplu scriitor talentat. Sau un simplu pilot de vanatoare.

A fost modelul generatiei de adolescenti ai anilor ’70 – ’80, intr-o societate bolnava de dictatura fricii; el a sculptat in cuvinte curatenia sufleteasca a zborului si a aratat ca se poate, fara a ingenunchea vreodata in fata constrangerilor sistemului ceausist.

Anii se scurg… avioanele lui DORU imbatranesc ingandurate pe aerodromuri, dar in acelasi timp raman in viata prin memoria eterna a hartiei si a sufletului.

Valorile la care m-am inchinat au lasat loc frivolului si neiertarii acelor care inca incearca sa mai ingroape de zor ceea ce a mai ramas bun in Romania cea zburatoare. Cu ganduri avand nu culoarea cerului, ci mai mult pe cea a prafuita a banului.

Dar anii se scurg… Si DORU, cel al nostru, al celor care inca nu au renuntat, ramane acolo. Il vad si il gandesc in fiecare zi. Si stiu ca nu numai eu. Roata timpului se invarteste si aduce cu fiecare clipa, ziua aceea mai aproape.

Ziua in care onoarea si dragostea pentru zbor vor insoti din nou pilotii tineri pe aerodromuri si cand orele de cer senin nu vor fi masurate tragic pe degetele de la o singura mana.

Imi este greu sa scriu. Scrisul este ceva ce se naste odata cu timpul sau distanta. Ori DORU este mereu aici, nu l-am simtit plecat nici macar o clipa. Imi este greu si sa-l plang. Cum il pot plange atunci cand el imi alaturi de peste 19 ani? Cand poate chiar acum deapana linistit povesti „de hangar” alaturi de un Serbanescu, Edu, Bazu, Darjan si ceilalti?… Un prieten apropiat, gresit devenit avocat prin hazardul ironic al vietii, imi marturisea cum atunci cand se simte pierdut si coplesit printre greutatile meseriei „diavolului” si nu mai stie incotro sa o apuce, se repede la biblioteca, smulge o carte de-a lui DORU si se afunda adanc in paradisul pierdut al acestei lumini curate de la capatul tunelui. Uluitoarea sa confesiune m-a pus pe ganduri. Poate ca am gresit. Poate ca DORU nu este doar al nostru. Poate ca, de fapt, el este al tuturor.

Iar anii se scurg. DORU ramane, NOI suntem cei care trecem…

Cătălin Floroiu, fondator Aviaţia.ro – 20 Aprilie 2000

Dor de Doru…

N. Chomsky: zece principii pentru manipularea maselor

Noam Chomsky a formulat zece principii manipulării,  pe care se bazează democraţia occidentală – strategii ale diversiunii, concepute pentru a confuziona şi deturna atenţia mulţimilor de la manevrele claselor politice şi financiare. Metoda este una simplă, canalizarea atenţiei în direcţii false. 

Care sunt cele zece principii pentru manipularea maselor.
1. Să distragi permanent aten­ţia de la problemele sociale reale, îndreptând-o către subiecte mi­no­re, dar cu mare impact emo­ţio­nal. Poporul trebuie să aibă mereu mintea ocupată cu altceva decât cu problemele lui reale.

2. Să creezi probleme grave, care angajează masiv opinia pu­blică şi tot tu să vii cu soluţii. Un exemplu: să favorizezi violenţa urbană şi apoi să vii tot tu cu gu­ver­narea providenţială care sal­vea­ză naţiunea în temeiul legilor re­presive cerute de popor, cu pre­ţul limitării libertăţilor democratice.

3. Să aplici treptat toate mă­su­rile dure. Ceea ce ar duce la miş­cări populare, dacă se aplică într-un singur pachet şi dintr-odată, de­vine suportabil, dacă este livrat în porţii anuale, conform unui program anunţat.

4. Să obţii acordul de moment al poporului pentru măsuri economice dure din viitor. Omul se obişnuieşte cu ideea şi înghite tot, dacă e  prevenit şi amânat.

5. Să te adresezi mulţimilor ca şi cum toţi oamenii au o gândire infantilă. În felul acesta, îndrepţi mulţimile spre o gândire infantilă care nu face relaţia dintre cauze şi efecte.

6. Să faci tot timpul apel la sentimente şi la reacţii glandulare, nu la raţiune. Să încurajezi reacţiile emoţionale, pentru că sunt cel mai uşor de manevrat.

7. Să ţii poporul în ignoranţă şi în satisfacţii ieftine, dar multe. Un sistem de învăţământ corupt şi nefuncţionaleste instrumentul ide­al de a tâmpi lumea şi a o controla.

8. Să încurajezi financiar me­dia, aceea care îndobitoceşte pu­bli­­cul şi-l ţine legat de emisiuni şi se­ria­le vulgare ce trag inteligenţa în jos.

9. Să stimulezi simţământul individual de culpă, de fatalitate, de neputinţă. Omul care nu mai are îndemnul să se revolte, devine turmă şi e uşor de controlat.

10. Să apelezi la toate cuceri­rile ştiinţelor pentru a cunoaşte punctele slabe din psihologia individului şi a mulţimilor. În acelaşi timp să le discreditezi prin media, astfel ca poporul să nu creadă în mijloacele şi strategiile statale de manipulare.

Toate, dar toate cele zece principii formulate de Chomsky le-ați simțit și le simțiți prezente în fiecare zi, în orice colț de lume sau de societate ați trăi, insinuându-se, acționând împotriva noastră, făcându-ne mai nesiguri, mai temători pentru ziua de mâine, mai puțini liberi și mai incapabili să ne construim o viață demnă.

https://2daynews.ro/externe/noam-chomsky-principii-manipularea-maselor-5485.html?fbclid=IwAR3qswuaqE601Ro_wsfzg1n5-VpWjaCmqFX20OWqdvHq0

Spalati-va pe mâini, please! Virusi!

https://www.bbc.com/news/live/world-51669434 : video

Abus, abuseurs, abusés: une cascade de scandales

En marge de la grande déception causée par des révélations concernant une grande personnalité, s’ajoutant à une cascade d’autres scandales

https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Religieuses-abusees-Labuseur-instrumentalise-desir-Dieu-profit-propre-jouissance-2019-06-13-1201028502

La Croix : En quoi les abus sexuels touchent toutes les dimensions de la personne ?

Jean-Guilhem Xerri : Ces actes touchent toutes les dimensions de la personne et ce qu’elle a de plus intime. Quand il y a abus sexuel, la dimension corporelle et sexuelle est altérée, et les dimensions psychique, émotionnelle et mnésique de la victime sont également touchées. Ce qui s’est passé demeure en empreinte.

La dimension spirituelle est également atteinte : c’est là que les abus commis par des prêtres, ou symboliquement par tous ceux qui sont porteurs d’une autorité divine – prêtres, mais aussi maîtresses des novices, abbesses – touchent à ce qu’il y a de plus intime. Ils rejoignent chez les religieuses leur désir de Dieu.

En s’identifiant lui-même à Dieu, l’abuseur essaie d’instrumentaliser le désir de Dieu d’une religieuse au profit de sa propre jouissance : « Je veux essayer de te manifester la façon dont Dieu t’aime ». Pour lui, il s’agit d’aliéner sa victime dans son propre fantasme. Enfin, c’est travestir le désir de Dieu lui-même qui, dans une perspective chrétienne, consiste à faire de nous des vivants, libres d’une quelconque emprise.

Comment expliquez-vous le phénomène d’emprise ?

J-G. X. : L’emprise, d’un point de vue psychologique, n’est ni positive ni négative, mais simplement une réalité qui traverse toute relation asymétrique. Un parent a nécessairement de l’emprise sur un enfant. Mais que fait-il de cette emprise ? La met-il au service de la croissance de l’enfant ou pour parvenir à ses propres fins ? Si je suis médecin, est-ce que je la mets au service du soin de la personne qui vient me trouver ? Il en est de même pour la relation d’un psychologue avec son patient, d’un entraîneur de foot ou d’un enseignant avec son élève… Les transgressions de cette emprise qui peuvent être sexuelles, financières, psychologiques, vont manipuler le désir de l’autre pour le mettre au service de mon désir de jouissance.

La question n’est donc pas l’emprise mais la transgression dans le cadre d’une relation asymétrique. Quand le prêtre abuseur s’identifie à la volonté de Dieu, c’est évidemment catastrophique, dans le sens où cela laisse bien peu de marge de liberté à la religieuse. Comment osera-t-elle aller à l’encontre de la volonté même de Dieu telle qu’elle est présentée ?

Comment interprétez-vous le fonctionnement psychologique de l’abuseur ?

J-G. X. : L’abuseur pervertit une relation d’attachement et de confiance pour amener sa victime à faire des choses uniquement en vue de satisfaire son propre narcissisme. Il parvient à obtenir le consentement de l’autre en lui faisant croire que c’est ce qu’elle désire. C’est ce qu’on appelle le vice de consentement. En s’appuyant sur une relation de confiance, il va petit à petit convaincre la religieuse qu’elle désire ce que lui désire : « Vous avez soif d’amour ? Mais c’est une soif noble et légitime ; et Dieu veut que vous vous donniez et que vous soyez aimée. D’ailleurs, moi-même, je suis le représentant de Dieu… » Et les choses se font ainsi, par petites touches.

La victime se trouve réellement envahie dans son désir par celui de l’autre. Elle n’aura même plus conscience qu’elle a un autre désir que de satisfaire celui de l’abuseur. Ceci dit, même s’il y a alors consentement, la responsabilité est bien du côté de l’abuseur. Toute transgression, sexuelle, psychologique, financière, est du côté de celui qui a l’autorité.

Comment la victime peut-elle croire qu’il s’agit de la volonté de Dieu ?

J-G. X. : Cela paraît gros, en effet, quand on l’entend avec son cerveau rationnel. Mais notre vie n’est pas seulement dictée par la raison. À certains moments de notre existence, nous sommes personnellement tous impliqués dans une relation asymétrique d’emprise, soit en position supérieure d’autorité, soit en position inférieure.

Lorsque je m’attache à une personne, mon intelligence rationnelle n’est pas seule en jeu dans mon positionnement, dans mon écoute… Quand nous choisissons d’agir de telle ou telle manière vis-à-vis de quelqu’un, c’est d’abord parce qu’on ne veut pas lui déplaire ou le blesser, parce qu’on l’aime… C’est ce qui se passe pour une religieuse dans les cas d’abus. Et ceci, avec une puissance infiniment plus grande quand l’abuseur, dit que « c’est la volonté de Dieu » qu’elle est en train de contrarier ou de réaliser…

L’institution à laquelle appartient l’abuseur a-t-elle une responsabilité dans ces actes ?

J-G. X. : Oui, elle a une responsabilité car il n’y a jamais d’abus uniquement à deux. Il y a toujours un troisième terme : c’est celui qui va valoriser l’abuseur. On le voit dans les familles : c’est un oncle au-dessus de tout soupçon, c’était l’ami de la famille qui venait déjeuner tous les dimanches… C’était quelqu’un qui était investi par le groupe.

Là, le groupe, c’est l’Église. C’est l’Église en tant qu’institution à cause de la position qu’elle attribue au prêtre, dans sa manière de sacraliser la fonction sacerdotale. Plus concrètement, ce sont des personnes qui, par leur charisme, leur ascendant sur les autres, vont être valorisées par un groupe, par la communauté qu’ils ont fondée, parce qu’ils sont accompagnateurs spirituels…

Et même si une jeune religieuse ressent bien que cette relation avec l’abuseur n’est pas juste, elle est seule à porter un regard différent sur un homme que tout un groupe valorise.

Ce troisième terme n’est pas coupable, mais très fortement responsable de ce qui arrive à la victime.

Une reconstruction pour la religieuse victime est-elle possible ?

J-G. X. : Oui, beaucoup peuvent en témoigner. Les victimes sont debout, la vie se poursuit en elle, au sein ou en dehors de la vie religieuse, même si demeure une trace de la douleur. Celle-ci n’empêche pas de retrouver une vie avec du sens et de la saveur.

Cette résilience nécessite une force intérieure admirable et deux choses : d’accepter, pour la victime, qu’il restera toujours quelque chose d’incommunicable dans ce qu’elle a vécu. cela ne signifie pas que rien ne doit être dit. Au contraire, dire qu’il y a quelque chose d’incommunicable est une manière d’exprimer combien la profondeur de la personne a été touchée. La victime doit être entendue dans ce qu’elle a vécu. Rester dans le silence serait intolérable, inacceptable.

La deuxième chose qui en découle, c’est que la victime doit trouver quelqu’un qui l’accompagne sur ce chemin pour visiter, revisiter les dégâts. Alors, à partir de là, une reconstruction sera possible.

Jean-Guilhem Xerri, psychanalyste et biologiste médical, est l’auteur de plusieurs ouvrages dont À quoi sert un chrétien (Cerf, 2014) (prix de l’humanisme chrétien) et Prenez soin de votre âme (Cerf, 2018) (prix de littérature religieuse).

 

 

Chute posthume d’une idole

Alors que les conclusions d’une enquête interne viennent de révéler que Jean Vanier, fondateur de L’Arche, est accusé d’avoir commis des abus sexuels sur plusieurs femmes, les réactions oscillent entre l’accablement, la tristesse et la colère. « Jamais nous n’avons porté une telle croix au cœur de nos communautés », explique à Aleteia le père Christian Mahéas, aumônier de L’Arche France. « Mais je sais qu’après la croix, il y a la Résurrection ».

Cela fait presque un an qu’il porte cette question dans son cœur. Aumônier de L’Arche France, le père Christian Mahéas était dans l’équipe ayant diligenté l’enquête sur Jean Vanier. Deux jours à peine après la publication du contenu de cette enquête révélant que le fondateur de L’Arche est accusé d’avoir commis des abus sexuels sur six femmes sur la période allant de 1970 à 2005, il revient pour Aleteia sur ces révélations, l’accompagnement des bénévoles de l’association et des personnes handicapées accueillies mais aussi la nécessaire distinction entre l’œuvre qu’est L’Arche et les agissements de son fondateur.

Aleteia : Comment avez-vous réagi en apprenant les accusations qui pèsent sur Jean Vanier ?
Père Christian Mahéas : Faisant partie de l’équipe qui était au courant de l’enquête, cela faisait presqu’un an que je portais cette annonce.Nous avons commencé à rencontrer des victimes en mars 2019 et l’enquête a démarré en juin. Il n’y a donc pas de surprise. Mais le choc n’en n’est pas moins grand maintenant que les choses sont dites et annoncées à tout le monde.

Révolte, colère, résignation… Quels sentiments vous habitent ?
Je suis passé par toutes les phases, toutes les étapes possibles et imaginables que l’on peut rencontrer lorsqu’on doit accueillir quelque chose d’aussi énorme. Aujourd’hui je suis surtout dans l’écoute des victimes et de celles et ceux que je dois accompagner au sein de L’Arche. Le sentiment qui m’habite est d’être dans la vérité dans ce chemin qui est le nôtre et de vouloir profondément que la vérité soit faite.

En tant qu’aumônier de L’Arche, quel message désirez-vous faire passer ?
Le message est toujours le même : la relation avec les plus pauvres nous révèle la simplicité, la relation vraie, l’écoute… La dimension spirituelle que portent ces personnes est au cœur de nos communautés et nous devons l’honorer. Ces événements ne changent rien au message. Dans mon quotidien je ne pratiquais pas le discours de Jean [Vanier], une personne que j’aimais beaucoup et que je connaissais depuis quarante ans, mais j’expérimentais ce que moi-même j’avais découvert. J’ai été treize ans à L’Arche avant d’entrer au séminaire, dont dix ans au Burkina Faso comme directeur. C’est tout ce que j’ai reçu et compris que j’essaye de transmettre en disant : « Soyez proches des plus petits, entrez en relation avec eux et vous verrez que quelque chose de beau se passera ». Je ne me pose pas la question de ce que je dois dire mais je continue en étant fidèle, semaine après semaine, à ma communauté, en accueillant les personnes, en célébrant la messe, en préparant des personnes handicapées et assistants aux sacrements. L’essentiel est de dire : « Vous êtes les biens aimés de Dieu et je vous le dis au nom de l’Eglise ».

Le message peut parfois malheureusement se confondre avec celui qui l’émet…
Nous sommes parfois tentés d’être polarisés sur des personnes qui nous paraissent absolument exceptionnelles, que l’on met sur un piédestal et dont on fait un mythe. Et on en oublie les plus petits dont on ne parle jamais. J’ai découvert que c’était eux qu’il fallait mettre en première ligne, toujours. Je ne serai pas le prêtre que je suis si ce n’était pas le cœur de mon message.

 

Comment allez-vous accompagner les responsables et bénévoles de L’Arche ?
Je vais prendre le temps de les écouter. Parce que cela fait un an que je chemine avec cette nouvelle, je vois les différentes étapes par lesquelles on peut passer. Je vais être attentif à ce qu’ils disent, à ce qu’ils vivent, à ce qu’ils ressentent… et donner du sens : ce mercredi nous entrons en Carême. À L’Arche, nous savons ce que nous allons vivre pendant ce Carême : nous allons confier ce que nous portons, nous allons confier notre tristesse, notre colère… Aujourd’hui nous sommes dans le vendredi saint, nous portons la croix, nous vivons la croix d’une manière inégalée. Jamais nous n’avons porté une telle croix au cœur de nos communautés. Mais je sais qu’après la croix il y a la Résurrection. Entrer ainsi dans le Carême nous prépare. Est-ce la fin de tout ce que nous vivons ? N’y a-t-il que la croix, la mort, la colère, le deuil ? Ou est-ce qu’il y a la vie qui est plus forte que tout ? L’accompagnement va passer par le témoignage de cette vie-là, en redisant que cette vie est belle, qu’elle est première et que nous devons en être témoin.

Et qu’allez-vous dire aux personnes handicapées accueillies à L’Arche ?
Nous en avons déjà parlé dans nos communautés ce week-end et encore aujourd’hui. On explique ce qu’il s’est passé mais aussi, et surtout, on écoute ce qu’elles nous disent. Elles ont toujours des réactions étonnantes, vraies. Elles aimaient Jean. Elles sauront le redire. Elles accueilleront le fait qu’il n’était pas parfait, qu’il y avait quelque chose de sombre dans sa vie. Cela va me demander beaucoup d’écoute, d’attention. Mais nous irons à leur rythme. Et puis il faudra nécessairement accompagner la tristesse des anciens, le sentiment de trahison.

« Je ne crois pas que la fragilité et la vulnérabilité soient une dualité. Elles sont inhérentes à nos vies. »

Qui était vraiment Jean Vanier ?
Son histoire n’était pas si simple, il y avait des fragilités, des blessures en lui. Jean Vanier n’a pas su être accompagné là-dedans, il s’est perdu. Je ne crois pas que la fragilité et la vulnérabilité soient une dualité. Elles sont inhérentes à nos vies. La question est de savoir comment on travaille, comment on chemine avec elles. Il y a un travail que Jean n’avait pas fait ou ne pouvait peut-être pas faire, n’avait pas su faire. Pourquoi ? Nous allons creuser ces questions car nous en avons besoin pour comprendre notre histoire.

Quelle est votre espérance aujourd’hui ?
J’étais en pèlerinage à Rome avec des jeunes la semaine dernière et je me disais : si c’est vraiment l’œuvre de Dieu, Dieu va nous garder dans l’humilité. Et bien là, il nous garde dans l’humilité pour que l’Arche continue à être l’œuvre de Dieu et non par l’œuvre de telle ou telle personne.

Vivre le carême comme un appel de Dieu

Dom Samuel Lauras | 25 février 2020

C’est bien une question pratique et spirituelle qui se pose au début du carême : est-ce l’homme qui cherche Dieu ou bien est-ce Dieu qui cherche l’homme ?

Qui cherche qui ? Est-ce l’homme qui cherche Dieu, ou bien est-ce Dieu qui cherche l’homme ? Cette question pourrait paraître futile, mais en la formulant différemment, elle prend tout son sens : est-ce nous, pendant ce carême, qui devrons nous efforcer de chercher Dieu avec plus de zèle, ou bien est-ce Dieu qui viendra à nous plus profondément ? Cette question pourrait être abordée théologiquement à partir des médiations ascendante et descendante. Le Christ, récapitulant en lui ces deux voies, s’est abaissé jusqu’à prendre notre humanité et l’a élevée à la dignité de fils de Dieu par sa mort et dans sa résurrection. Pour autant, aussi utiles que soient ces réflexions, c’est bien une question pratique et spirituelle qui se pose au début du carême : est-ce l’homme qui cherche Dieu ou bien est-ce Dieu qui cherche l’homme ?

Faudrait-il laisser Dieu faire ?

« Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil » exhorte le prophète Joël (Jl 2, 12-18). « Déchirez vos cœurs et non vos vêtements, revenez au Seigneur votre Dieu. » C’est donc nous, semble-t-il, qui allons faire la route. L’épître aux Corinthiens apporte une nuance : « Au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20). La forme verbale est au passif. C’est intéressant ! Faudrait-il laisser Dieu faire ? L’Apôtre rappelle comment le Christ a été « par Dieu identifié au péché pour que nous devenions justes de la justice même de Dieu ». Ce serait donc plutôt au Sauveur que revient l’œuvre de notre sanctification.

Ainsi, l’invitation à la conversion vient de Dieu, c’est lui qui envoie le prophète alerter son peuple. C’est « Dieu lui-même qui lance un appel ». Et nous, que nous revient-il ? Nous sommes invités « à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de lui ». C’est peu et c’est beaucoup.

Une activité dans une certaine passivité

Nous devons donc mettre en œuvre une réelle activité non sans accepter une certaine passivité. L’expérience montre, de fait, que les événements les plus féconds en vue de notre conversion sont presque toujours ceux que nous n’avons pas choisis. Événements et situations éprouvantes qui nous surprennent, que nous n’arrivons pas à déchiffrer au moins dans un premier temps, et qui balaient, énergiquement, ce qui fait obstacle à l’action de Dieu en nous. Pour que ces événements deviennent occasion de conversion, la condition sera de consentir sans révolte afin de découvrir la main de Dieu qui se cache derrière eux. Sachons identifier ces situations et les accueillir avec reconnaissance. Car entre l’invitation de Dieu et notre réponse, se situe précisément ce que la tradition chrétienne appelle le combat spirituel.

Le combat spirituel dans le secret

Remarquons que l’Évangile demande avec insistance que ce combat demeure un secret entre Dieu et nous (Mt, 6). S’il devenait public, il serait altéré par le regard que les autres portent sur nous, par notre désir surtout d’être confirmés dans nos efforts par l’estime que nous voudrions qu’ils nous portent. L’Évangile ne parle évidemment pas ici du père spirituel qui sait conseiller en gardant les secrets.
Puisque c’est Dieu lui-même qui nous cherche, que pourrions-nous craindre ? Car si nous ne sommes que poussière, et appelés à y retourner, lui est « tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment ».

https://fr.aleteia.org/2020/02/25/vivre-le-careme-comme-un-appel-de-dieu/

In memoriam Hazel Marian Sergison

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Hazel was a good wife, a good mother of three, a loving granma, an excellent friend.

We will miss her. RIP

„Christian mystics understood love as the core of reality and spoke of a deep relationship between love and knowledge.

“Love is the highest form of knowing,”

Saint Augustine wrote.

Gregory the Great said, “Love itself is a form of knowing” (amor ipse notitia est), meaning that the love by which we reach God implies a form of knowing above ordinary reason.

William of St. Thierry put it beautifully in this way:

“In the contemplation of God where love is chiefly operative, reason passes into love and is transformed into a certain spiritual and divine understanding which transcends and absorbs all reason.” 

Wisdom is knowledge deepened by love. The wise person knows more deeply by way of love than by way of argument because the eye of the heart can see the truth of reality. Hence the wise person is one who knows and sees God shining through everything, even what seems ugly or despised.”     R. Rohr