La perversion, notes de lecture (1)

Avant de copier quelques passages du dernier livre de Lytta Basset, je m’arrête un moment pour noter l’écho que m’a laissé le simple fait de feuilleter, dans le contexte, d’abord, des scandales qui touchent à des communautés que j’ai connues, et puis du corona qui me confine, et heureusement, dans une toute petite communauté de laïques engagées.

Une idée, précieuse : la propension à agir de manière « perverse » existe en chacun, comme le danger d’en subir l’atteinte.

Une suggestion quant à la solution : veiller.

Veiller à ne pas me laisser atteindre par tout ce par quoi passe la perversion des relations saines entre frères et sœurs en humanité : le mensonge, la division, l’emprise, les préjugés et les rumeurs les portant, les complotismes, tout ce qui propage la haine et pousse à la destruction, à la vengeance, etc.

Je dois veiller, oui, à ce que de petites agressions insignifiantes mais répétées me laissent de marbre. A me rappeler sans cesse que la colère d’un/e autre dirigée contre moi, c’est son problème, pas le mien. Un problème qui mérite compassion. 

Surtout, je dois veiller à ce que la parano ambiante ne me fasse oublier l’essentiel.

LE BIEN EXISTE ET SE COMMUNIQUE AUSSI…

« Tu ne peux empêcher la tempête de se déchaîner, mais tout passe… cette crise passera aussi… »

L’humanité en a vu d’autres…

                                                              *

Lytta Basset, à la page 15 de « Faire face à la perversion », Albin Michel, 2019, citant un classique, „Le harcèlement moral. La violence perverse au quotidien”, par M-F Hirigoyen, 1998 :

Quelque chose est à signaler… qu’il ne faut jamais perdre de vue. Nous en sommes régulièrement témoins : dans un temps de crise, notamment quand on est en recherche d’identité (et cela peut arriver à tout âge), il arrive qu’on se comporte de manière perverse… parce qu’on a de la peine à assumer sa propre souffrance et qu’on tente inconsciemment à s’en décharger sur autrui. C’est passager car cela ne veut pas dire qu’on est devenu tout d’un coup « un pervers narcissique ».

En effet, « tout sujet en crise – note M-F Hirigoyen – peut être amené à utiliser des mécanismes pervers pour se défendre. Les traits de personnalité narcissiques  sont assez communément partagés (…), ils ne sont pas pour autant pathologiques ». «  Un processus pervers peut être utilisé ponctuellement par chacun de nous. Cela ne devient destructeur que par la fréquence et la répétition dans le temps ». (…)

Là où le problème devient brûlant, c’est qu’il déborde de l’espace privé pour parasiter la société entière.

à suivre

Jean-Paul II: prière d’abandon à la Miséricorde

Vatican - Canonisation : Jean-Paul II, le pape intraitable - Le Point

Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables au coronavirus. Elles sont invitées à rester chez elles pour éviter tout risque de contamination. Durant ce confinement, isolées de leurs proches, elles peuvent prier et se remettre entre les mains de Dieu. « Quand Dieu permet que nous souffrions de maladie, de solitude ou en raison d’autres motifs liés à notre grand âge, Il nous donne toujours la grâce et la force de nous unir avec plus d’amour au sacrifice de son Fils et de participer avec plus d’intensité à son projet de salut », disait saint Jean Paul II, dans sa lettre au personnes âgées datée du 1er octobre 1999.

« Soyons-en persuadés : il est notre Père, un Père riche d’amour et de miséricorde ! », ajoutait le saint pape, qui, de son vivant, ne cachait pas sa vieillesse et l’évoquait souvent. Voici une prière d’abandon à la Miséricorde pour les personnes âgées de saint Jean Paul II que les seniors peuvent réciter alors que le Covid-19 continue à se propager dans le monde.

Seigneur, Tu m’as fait le don inestimable de la vie, et depuis ma naissance,
Tu n’as cessé de me combler de Tes grâces et de Ton amour infini.
Au cours de toutes ces années se sont entremêlés de grandes joies,
des épreuves, des succès, des échecs, des revers de santé,
des deuils, comme cela arrive à tout le monde.

Avec Ta grâce et Ton secours,
j’ai pu triompher de ces obstacles et avancer vers Toi.
Aujourd’hui, je me sens riche de mon expérience
et de la grande consolation d’avoir été l’objet de ton Amour.
Mon âme Te chante sa reconnaissance.

Aujourd’hui même, tandis que je jouis encore de la possession de mes facultés,
je T’offre à l’avance mon acceptation à Ta sainte Volonté,
et dès maintenant je veux que si l’une ou l’autre maladie m’arrivait,
elle puisse servir à Ta gloire et au salut des âmes.

Amen

https://fr.aleteia.org/cp1/2020/03/27/covid-19-la-priere-dabandon-de-saint-jean-paul-ii-pour-les-personnes-agees/

La résurrection de Lazare…

… selon Maria Valtorta

 

Marthe, après s’être essuyée le visage, recommence à parler :  

„Mais même maintenant j’espère car je sais que tout ce que tu demanderas à ton Père, te sera accordé.”     

Une douloureuse, héroïque profession de foi, dite d’une voix que les larmes font trembler, avec un regard qui tremble d’angoisse, avec l’ultime espérance qui lui tremble dans le cœur.       

„Ton frère ressuscitera. Lève-toi, Marthe.” 

Marthe se lève tout en restant courbée en vénération devant Jésus auquel elle répond :         

„Je le sais, Maître. Il ressuscitera au dernier jour.”           

„Je suis la Résurrection et la Vie. Quiconque croit en Moi, même s’il est mort, vivra. Et celui qui croit et vit en Moi ne mourra pas éternellement. Crois-tu tout cela ?”      

Jésus, qui d’abord avait parlé d’une voix plutôt basse uniquement à Marthe, élève la voix pour dire ces phrases où il proclame sa puissance de Dieu, et son timbre parfait résonne comme une trompette d’or dans le vaste jardin. Un frémissement presque d’épouvante secoue l’assistance. Mais ensuite certains raillent en secouant la tête. 

Marthe, à laquelle Jésus semble vouloir transfuser une espérance de plus en plus forte en tenant la main appuyée sur son épaule, lève son visage qu’elle gardait penché. Elle le lève vers Jésus, en fixant ses yeux affligés dans les lumineuses pupilles du Christ et serrant ses mains sur sa poitrine, elle répond avec une angoisse différente :    

„Oui, Seigneur. Je crois cela.   

Je crois que tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant, venu dans le monde. Et que tu peux tout ce que tu veux. Je crois.    
 I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\Balise.gif 548.5 – „Maintenant, je vais prévenir Marie” et elle s’éloigne rapidement en disparaissant dans la maison.  

Jésus reste où il était, ou plutôt il fait quelques pas en avant et s’approche du parterre qui entoure le bassin. Le parterre est tout éclairé de ce côté par la fine poussière du jet d’eau qu’un vent léger pousse de ce côté comme un plumet d’argent, et il paraît se perdre, Jésus, dans la contemplation du frétillement des poissons sous le voile de l’eau limpide, dans leurs jeux qui mettent des virgules d’argent et des reflets d’or dans le cristal des eaux frappées par le soleil.     

…………..

Marthe, à côté de Jésus qui a forcé Marie à se lever et il la conduit, car elle est aveuglée par ses larmes, montre de la main à Jésus où se trouve Lazare et quand ils sont près de l’endroit elle dit aussi : „C’est ici, Maître, que ton ami est enseveli” et elle indique la pierre posée obliquement à l’entrée du tombeau.  

Jésus pour s’y rendre, suivi de tout le monde, a dû passer devant Gamaliel. Mais ils ne se sont pas salués. Ensuite Gamaliel s’est uni aux autres en s’arrêtant comme tous les pharisiens les plus rigides à quelques mètres du tombeau, alors que Jésus s’avance tout près avec les sœurs, Maximin et ceux qui sont peut-être des parents. Jésus contemple la lourde pierre qui sert de porte au tombeau et forme un lourd obstacle entre Lui et l’ami éteint, et il pleure. Les larmes des sœurs redoublent et de même celles des intimes et familiers.

„Enlevez cette pierre” crie Jésus tout d’un coup, après avoir essuyé ses larmes.           

Tous ont un geste d’étonnement et un murmure court dans le rassemblement qui a grossi de quelques habitants de Béthanie qui sont entrés dans le jardin et se sont mis à la suite des hôtes. Je vois certains pharisiens qui se touchent le front en secouant la tête comme pour dire : „Il est fou !”         

Personne n’exécute l’ordre. Même chez les plus fidèles, on éprouve de l’hésitation, de la répugnance à le faire.        

Jésus répète plus fort son ordre, effrayant encore davantage les gens pris par deux sentiments opposés et qui, après avoir pensé à fuir, s’approchent tout à coup davantage pour voir, défiant la puanteur toute proche du tombeau que Jésus veut faire ouvrir.

„Maître, ce n’est pas possible” dit Marthe en s’efforçant de retenir ses pleurs pour parler :„Il y a déjà quatre jours qu’il est là dessous. Et tu sais de quel mal il est mort ! Seul notre amour pouvait le soigner… Maintenant la puanteur est certainement plus forte malgré les onguents… Que veux-tu voir ? Sa pourriture ?… On ne peut pas… même à cause de l’impureté de la corruption et…”  

„Ne t’ai-je pas dit que si tu crois tu verras la gloire de Dieu ? Enlevez cette pierre, je le veux !”         

C’est un cri de volonté divine… Un „oh !” étouffé sort de toutes les poitrines. Les visages deviennent blêmes, certains tremblent comme s’il était passé sur tous un vent glacial de mort.           

Marthe fait un signe à Maximin et celui-ci ordonne aux serviteurs de prendre les outils pouvant servir à remuer la lourde pierre.       

Les serviteurs s’en vont rapidement pour revenir avec des pics et des leviers robustes. Ils travaillent en faisant entrer la pointe brillante des pics entre la roche et la pierre, et ensuite ils remplacent les pics par des leviers robustes et enfin ils soulèvent avec attention la pierre en la faisant glisser d’un côté et en la traînant ensuite avec précaution contre la paroi rocheuse. Une puanteur infecte sort du sombre trou et fait reculer tout le monde.        

Marthe demande tout bas :     

„Maître, tu veux y descendre ? Si oui, il faut des torches…”        

Mais elle est livide à la pensée qu’il doit le faire.    

 I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\Balise.gif 548.9 – Jésus ne lui répond pas. Il lève les yeux vers le ciel, met ses bras en croix et prie d’une voix très forte, en scandant les mots : 

„Père ! Je te remercie de m’avoir exaucé. Je le savais que Tu m’exauces toujours, mais je le dis pour ceux qui sont présents ici, pour le peuple qui m’entoure, pour qu’ils croient en Toi, en Moi, et que Tu m’as envoyé !”        

Il reste encore ainsi un moment et il semble ravi en extase tellement il est transfiguré alors que, sans plus émettre aucun son, il dit des paroles secrètes de prière ou d’adoration, je ne sais. Ce que je sais, c’est qu’il a tellement outrepassé l’humain, qu’on ne peut le regarder sans se sentir le cœur trembler dans la poitrine. Il semble devenir lumière en perdant son aspect corporel, se spiritualiser, grandir et même s’élever de terre. Tout en gardant la couleur de ses cheveux, de ses yeux, de sa peau, de ses vêtements, au contraire de ce qui se passa à la transfiguration du Thabor durant laquelle tout devint lumière et éclat éblouissant, il paraît dégager de la lumière et que tout ce qui est de Lui devient lumière. La lumière semble l’entourer d’un halo, en particulier son visage levé vers le ciel, certainement ravi dans la contemplation du Père.

Il reste ainsi quelque temps, puis redevient Lui : l’Homme, mais d’une majesté puissante. Il s’avance jusqu’au seuil du tombeau. Il déplace ses bras — que jusqu’à ce moment il avait gardés ouverts en croix, les paumes tournées vers le ciel — en avant, les paumes vers la terre, et par conséquent les mains se trouvent déjà à l’intérieur du tunnel du tombeau, toutes blanches dans ce tunnel obscur. Il plonge le feu bleu de ses yeux, dont l’éclat miraculeux est aujourd’hui insoutenable, dans cette obscurité muette, et d’une voix puissante, avec un cri plus fort que celui par lequel il commanda sur le lac aux vents de tomber, d’une voix que je ne Lui ai jamais entendue dans aucun miracle, il crie :         

 „Lazare ! Viens dehors !”      

L’écho répercute sa voix dans la cavité du tombeau et se répand ensuite à travers tout le jardin, se répercute contre les ondulations du terrain de Béthanie, je crois qu’il s’en va jusqu’aux premiers escarpements au-delà des champs et revient de là, répété et amorti, comme un ordre qui ne peut faillir. Il est certain que de tous les côtés, on entend à nouveau : „dehors ! dehors ! dehors !”     

Tous éprouvent un frisson plus intense, et si la curiosité les cloue tous à leurs places, les visages pâlissent et les yeux s’écarquillent alors que les bouches s’entrouvrent involontairement avec déjà dans la gorge le cri de stupeur.    

Marthe, un peu en arrière et de côté, est comme fascinée en regardant Jésus. Marie tombe à genoux, elle qui ne s’est jamais écartée de son Maître, elle tombe à genoux au bord du tombeau, une main sur sa poitrine pour calmer les palpitations de son cœur, l’autre qui inconsciemment et convulsivement tient un pan du manteau de Jésus, et on se rend compte qu’elle tremble car le manteau a de légères secousses imprimées par la main qui le tient.

 I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\Balise.gif 548.10 – Quelque chose de blanc semble émerger du plus profond du souterrain. C’est d’abord une petite ligne convexe, puis elle fait place à une forme ovale, puis à l’ovale se substituent des lignes plus amples, plus longues, de plus en plus longues. Et celui qui était mort, serré dans ses bandes, avance lentement, toujours plus visible, fantomatique, impressionnant. 

Jésus recule, recule, insensiblement, mais continuellement à mesure que Lazare avance. La distance, entre les deux, reste donc la même.

Marie est contrainte de lâcher le pan du manteau, mais elle ne bouge pas de l’endroit où elle est. La joie, l’émotion, tout, la cloue à l’endroit où elle était.          

Un „oh !” de plus en plus net sort des gorges d’abord fermées par la douleur de l’attente. C’est d’abord un murmure à peine distinct qui se change en voix, et la voix devient un cri puissant.         

Lazare est désormais au bord du tombeau et il s’arrête là, raide, muet, semblable à une statue de plâtre à peine ébauchée et donc informe, une longue chose, mince à la tête, mince aux jambes, plus large au tronc, macabre comme la mort elle-même, spectrale, dans la blancheur des bandes contre le fond sombre du tombeau. Au soleil qui l’enveloppe, les bandes paraissent ça et là laisser couler la pourriture.     

Jésus crie d’une voix forte :        

„Débarrassez-le et laissez-le aller. Donnez-lui des vêtements et de la nourriture.”         

„Maître !…” dit Marthe, et elle voudrait peut-être en dire davantage, mais Jésus la regarde fixement, la subjuguant de son regard étincelant, et il dit :        

„Ici ! Tout de suite ! Tout de suite, apportez un vêtement. Habillez-le en présence de tout le monde et donnez-lui à manger.”        

Sur le deuil (4 et fin)

 

D’un papier co-écrit par Jean Montbourquette et Isabelle Asprem

La prise en charge des tâches reliées au deuil

 Une fois que le travail émotionnel du deuil aura bien progressé, il restera à accomplir des tâches concrètes conséquentes au deuil. Quelles sont-elles? Il s’agira de réaliser les promesses faites au défunt ; exécuter les rituels funéraires prescrits par la coutume ; ranger les photos du défunt dans un album ; se défaire de ses vêtements et de ses objets personnels ; garder un ou deux souvenirs en mémoire du disparu, etc. Ces gestes d’apparence insignifiante contribueront beaucoup à accélérer le travail du deuil. Car, en les posant, l’endeuillé démontrera à lui-même et aux proches qu’il est bien engagé dans l’acceptation de la mort de l’être cher.

 Découverte du sens de sa perte

 L’expression des sentiments et des émotions et l’exécution des tâches concrètes conséquentes au deuil permettent à l’endeuillé de prendre peu à peu ses distances vis-à-vis du décès. Le deuilleur n’est plus tout absorbé dans le monde de ses émotions ; il aura commencé à mettre sa perte en perspective. Le temps sera venu pour lui de se demander quel sens pourra prendre sa perte affective et comment il poursuivra sa vie à l’avenir. Au lieu de rester dans un état d’âme de désolation, il en profitera pour mieux se connaître et pour puiser dans ses ressources personnelles. Il exploitera davantage ses forces en l’absence de l’être aimé.

 Enfin, il en viendra à reconnaître qu’à la suite de son malheur, il aura mûri et aura trouvé de nouveaux sens dans sa vie. Alors, le temps est venu de réfléchir sur le sens spirituel de son existence et de sa perte en se posant les questions suivantes :

 – Qu’est-ce que j’ai appris sur ma vie en l’absence de l’être cher?

– Quel sens prendra ma vie après la mort de la personne aimée?

 – Y a-t-il une vie après la mort? On se posera alors la question de l’au-delà : soit la résurrection, soit la réincarnation, soit le néant.

 – Après ma mort, existe-t-il un ciel ou un lieu de rencontre permettant de revoir tous les parents et les proches disparus?

 – Pourquoi un Dieu si bon est-il venu chercher mon fils? La colère contre un dieu sadique ne serait-elle pas de mise?

 – La résurrection des corps aura-t-elle lieu immédiatement après la mort ou seulement à la fin des temps?   – etc.

 Beaucoup de psychologues et de thérapeutes du deuil laissent tomber ce questionnement sur le sens, croyant faussement que le deuil se termine à la fin de l’étape des émotions. Le cas suivant pourrait les convaincre du contraire. J’avais une cliente, une femme qui avait perdu son bébé de huit mois. Elle était inconsolable et pleurait à en faire pitié. Après lui avoir fait raconter l’histoire de la mort de son bébé plusieurs fois, en désespoir de cause, je lui ai demandé : « Est-ce que la mort de ton bébé a pris, prend ou prendra un sens pour toi? » Elle me répondit : « Tu veux mettre Dieu dans ma détresse? Moi, je ne suis pas croyante. » Je lui ai fait la remarque suivante : « C’est toi qui as commencé à parler de Dieu, pas moi ! »

 À la session suivante, elle me dit qu’elle avait réfléchi à la question stupide que je lui avais posée à la dernière rencontre. Et voici sa réponse : « J’ai une grande amie qui est décédée l’an passé. Or son grand désappointement dans la vie était qu’elle n’avait pas eu d’enfant. Elle est sûrement au ciel mais seule. Je voudrais lui confier mon bébé pour qu’elle en prenne soin. Quant à moi, étant assurée de son amour pour les enfants, je ne m’inquiéterai plus de mon enfant. Jusqu’à maintenant, je couchais avec ses cendres près de mon lit. Je suis prête à les faire enterrer au cimetière. » Sa réponse à ma question sur le sens de la mort de son enfant l’avait réconfortée au point qu’elle avait cessé de pleurer.

 L’échange de pardons

 À l’expérience, j’ai pu constater la nécessité de pardonner pour achever le processus de deuil. L’endeuillé qui sera parvenu à accorder son pardon au défunt pour ses fautes et surtout pour son départ, se libérera des restes de la colère que le départ de l’être cher aura provoquée en lui.

 Par contre, en demandant pardon au défunt pour ses propres faiblesses et ses manques d’amour, l’endeuillé réduira d’autant l’intensité de son sentiment de culpabilité. L’échange de pardons qu’il effectuera avec son cher disparu lui apportera une grande paix. Grâce à la réconciliation, il se sentira en paix avec lui-même et se trouvera disposé à accueillir son héritage.

 La prise de possession de son héritage

 L’héritage spirituel consiste à se réapproprier tout l’amour et les rêves dont l’être aimé aura été l’objet. Autrement dit, l’héritage consiste à reprendre à son propre compte ce qu’il avait admiré et aimé chez l’autre au moment de l’amour-fusion. L’endeuillé a le pouvoir d’incorporer dans sa vie les qualités et les talents appréciés chez le cher disparu, à condition, bien entendu, d’avoir consenti à le laisser partir. En vue d’aider les endeuillés à recevoir leur héritage spirituel, j’ai conçu un rituel dont la description se trouve dans mon volume Aimer, perdre et grandir.

 À l’aide de ce rituel, il devient possible d’évaluer tous les apprentissages acquis en présence de l’être aimé et de s’autoriser à les actualiser pour soi. Grâce à l’héritage, on se trouvera gratifié et habité par une nouvelle forme de présence du cher disparu.

 

Déclaration officielle de la fin du deuil

 Le rituel de l’héritage se termine d’ordinaire par la déclaration officielle de la fin du deuil. Dans le passé, on avait des signes distinctifs pour marquer l’évolution du deuil et pour signifier la fin de celui-ci. Dans la société actuelle, on ne sait plus trop à quel moment le deuil est terminé. Il y a nécessité que sa fin soit honorée d’une sanction sociale. J’ai pu observer l’immense soulagement qu’éprouvent les endeuillés à se faire dire par le meneur du groupe de deuil ou par une personne importante : « Avec la prise de possession de votre héritage spirituel, considérez que votre deuil est bel et bien terminé ».

 Voici ma vision du deuil, de son déroulement et de sa résolution. Pour terminer, permettez-moi de vous affirmer que le deuil n’a rien à voir avec une maladie chronique, comme d’aucuns le prétendent, mais c’est un passage obligé temporaire. Il ne dure qu’un temps, le temps de “faire son deuil”.

 

Auteurs: Monbourquette/Asprem

 

Sur le deuil (3)

 

Mon expérience auprès des endeuillés m’a amené à répartir l’évolution du deuil sur sept étapes, à savoir le choc, le déni, l’expression des émotions, la prise en charge des tâches reliées au deuil, la recherche d’un sens, l’échange mutuel des pardons et enfin, l’héritage.

 Voici une brève description de ces étapes :

 Le choc

 Le choc survient souvent dès qu’on apprend la nouvelle d’une maladie grave ou le décès d’un être cher. On se sent alors consterné et impuissant à décrire ce qui se passe en soi. On a de la peine à entendre et à réaliser ce qui est arrivé. On ne parvient pas à y croire :

« C’est un vrai cauchemar! », « Ça ne se peut pas! », « Hier encore, il paraissait si bien », etc.

 L’état de choc s’accompagne souvent d’hallucinations. On s’imagine voir le défunt, l’entendre ou même sentir sa présence. Si le choc dure quelques semaines, il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure, mais s’il se prolonge, le deuil prend des dimensions pathologiques. Voici un cas qui illustre bien mon propos : une épouse en deuil de son mari a révélé au groupe des endeuillés que tous les soirs depuis deux ans, elle et son époux faisaient une promenade la main dans la main.

 Pendant quelques semaines à la suite du décès, les deuilleurs se sentent engourdis et léthargiques. Ce qui ne les empêche pas de se montrer au-dessus de leur deuil devant les visiteurs au salon funéraire. Ils ne pleurent pas. Ils vivent, pour ainsi dire, sur un nuage. Ils manquent cependant de concentration et leur mémoire s’en trouve gelée. Ils commencent à ressentir une lourde fatigue qui rend les tâches quotidiennes pénibles à exécuter. Ils régressent souvent à un état de dépendance semblable à celui de l’enfance. Pas étonnant que les amis leur offrent de les aider à tenir le coup en leur rendant des services tels que leur préparer de la nourriture et accomplir des tâches domestiques pour eux.

 L’état de choc n’a pas seulement des effets négatifs. De fait, il donne aux endeuillés le temps de digérer la dure réalité et de se ressaisir en puisant en eux les ressources nécessaires pour gérer la situation de perte de l’être cher.

 Le déni

 Peu après le choc commence la phase du déni ou de la dénégation. Le déni relève soit de l’ordre de la connaissance, soit de l’ordre de l’affectivité ou des deux à la fois. La dénégation sur le plan cognitif pousse à oublier l’événement malheureux et à éviter tout ce qui peut lui rappeler la perte, telle que la référence à l’hôpital, au cimetière, au salon funéraire, etc. Certains deuilleurs tapissent leurs murs de photos du défunt de peur de l’oublier ; d’autres gardent intacts sa chambre et ses objets personnels comme s’il vivait encore. Dans le jargon psychologique, on appelle cette conduite « momification ».

 Sur le plan affectif, le déni engendre chez l’endeuillé, surtout chez les hommes, une incapacité à vivre et à exprimer ses émotions. Il combat la montée de ses émotions en utilisant diverses tactiques : il se tient si occupé qu’il devient hyperactif; il se met à chercher un ou des responsables du décès ; il idéalise le défunt ; il essaie d’imiter la maladie du cher défunt ou encore il cherche à trouver une personne-substitut souvent parmi les membres de sa propre famille pour qu’elle prenne la place du défunt. Parfois, l’endeuillé sera tenté de noyer son deuil ou de geler sa peine dans la boisson, les médicaments ou la drogue. D’autres fois, il se complaira dans des fantasmes de faire réapparaître l’être disparu. Tous ces stratagèmes le soulageront de sa peine de courts instants jusqu’à ce que la dure réalité de la mort le rattrape et l’accable de nouveau.

 La ronde des émotions

 Quand les résistances au deuil se mettent à céder, la personne endeuillée se sent submergée par un flot d’émotions et de sentiments divers, tels que l’angoisse, la tristesse, la sensation d’avoir été abandonnée, la colère, la culpabilité et la libération. Ces états d’âme viennent en soi, se retirent, puis reviennent comme le flux et le reflux de vagues tout en perdant de leur intensité à chaque venue.

 L’angoisse

Au moment où l’endeuillé apprend la mauvaise nouvelle, il se sent envahi par l’angoisse. La réalité de la mort d’un proche lui rappelle sa propre mort qui approche. Il se sent alors désarmé devant son imminence. Il a l’impression d’avoir perdu la maîtrise de sa vie en perdant son être cher. Il prend conscience de ses limites humaines. Il se sent impuissant à changer le cours des choses. Cet état angoissant disparaîtra à condition qu’il accepte ses limites et prenne conscience de son incapacité à sauver l’être aimé.

 La tristesse

 La tristesse est l’émotion typique du deuil. Elle est la douleur d’un cœur auquel on aurait arraché l’objet de son amour. Le mot « peine » qu’on utilise souvent pour désigner la tristesse connote très souvent le sentiment d’être puni ou de subir un châtiment. La tristesse s’exprime normalement par des pleurs.

 Elle se fait parfois si intense qu’elle plonge l’endeuillé dans un état de désolation au point de désirer mourir pour aller rejoindre dans la mort l’être aimé.

 La colère

 La colère sourde dans le deuil prend souvent la forme plus ou moins consciente d’une protestation contre le défunt à qui l’endeuillé reproche de l’avoir abandonné. Rares sont ceux qui osent laisser libre cours à leur colère. Une cliente me disait : « Comment peut-on se fâcher contre un mort ? » Souvent, la colère se déplacera sur les autres. L’endeuillé en colère s’efforcera de trouver un ou des coupables de cette tragédie personnelle. Il s’en prendra aux soignants ou aux proches ; il les blâmera de ne pas avoir prodigué au moribond tous les soins nécessaires. Pour d’autres, leur colère se retournera contre eux-mêmes ; ils seront submergés par un sentiment de culpabilité.

 La culpabilité

 Le sentiment de culpabilité qui afflige l’endeuillé ne revêt pas toujours un caractère indésirable car toute séparation ou tout deuil engendre un sentiment de saine culpabilité. Ainsi, la séparation d’un conjoint bien-aimé, par exemple, fait souvent naître, chez l’autre, une conscience plus vive de ses manques d’amour. L’endeuillé se sentant coupable, se posera des questions comme celles-ci : « Lui ai-je assez parlé ? Lui ai-je assez dit que je l’aimais ? Ai-je tout fait pour le sauver de la mort ? … »

 Il y a sans doute quelque chose d’excessif dans les reproches qu’il se fait. La manière d’atténuer la crise de culpabilité, chez le survivant, est de reconnaître ses limites devant la mort ainsi que son incapacité d’aimer d’un amour parfait en tout point.

 La sensation d’être libre

 Beaucoup d’endeuillés n’osent pas éprouver ce sentiment de libération après la mort de l’être cher. Ils s’en voudraient de laisser croire aux proches et aux amis qu’ils voulaient se débarrasser d’un être encombrant. Prenons l’exemple d’un grand malade que l’on a gardé jour et nuit. Les soignants épuisés ne ressentent-ils pas une vraie délivrance au moment de la mort du moribond ?

 D’ailleurs, entretenir les liens d’intimité demeure toujours une chose difficile et engageante. N’est-il pas normal et sain pour les intimes de ressentir un sentiment de libération à la mort lente et éprouvante d’un être si cher soit-il. Plusieurs ne comprennent pas qu’on puisse être habité à la fois de nombreux sentiments contradictoires : tristesse et libération, amour et haine, peur et désir d’intimité, etc.

 La grande « braille »

 L’expression des émotions tire à sa fin au moment de la « grande braille » qui s’avère un tournant dans la résolution du deuil. À ce stade, la personne en deuil acquiert une vive et pleine conscience de la perte définitive de l’être aimé.

 Elle laisse s’envoler le dernier espoir de son retour. Elle réalise que l’aimé est bien parti et qu’elle ne le reverra plus. Sa tristesse se change alors en « lamentations ». J’appelle « la grande braille »le moment précis de la conscience de la perte. Il se reconnaît à l’intensité de la douleur transformant les pleurs en lamentations.

 Puis, à la suite de cette éclatante décharge émotive, l’endeuillé éprouve une profonde paix souvent accompagnée d’expériences-sommet : il se sent supporté par des êtres spirituels ou il se voit baigné dans un flot de lumière réconfortante. C’est alors qu’advient, chez lui, en même temps, la pleine conscience de la gravité de sa perte et l’acceptation du départ irrévocable de la personne aimée.

 La difficulté principale que les thérapeutes rencontrent lors du traitement des émotions, c’est que beaucoup de deuilleurs ne possèdent pas un large répertoire d’émotions et de sentiments pour s’exprimer.

 Ils ont des émotions « trafiquées », c’est-à-dire qu’ils ont des émotions de surface qui cachent leurs réelles émotions. Parfois, c’est de la tristesse qu’ils manifestent, alors qu’en dessous, c’est de la colère qu’ils couvent. Ou bien ils manifestent de la colère, mais au fond ils vivent de la tristesse. Voici des exemples d’émotions et de sentiments « trafiqués » : des rires nerveux pour de l’angoisse; le sentiment de culpabilité pour le sentiment de libération ; des plaintes pour de la colère ; de la joie pour des regrets, et ainsi de suite. Les endeuillés ont recours à ce stratagème parce que leurs parents leur ont interdit d’exprimer certains sentiments et émotions. Une telle défense grippe le déroulement normal des émotions et des sentiments.

 

D’une conférence sur le deuil (2)

D’actualité en ces jours tragique où tant de familles sont empêchées de faire leurs adieux à leurs aimés qui sont partis dans la solitude

LE DEUIL, SON DÉROULEMENT ET SA RÉSOLUTION

Conférence donnée lors de la 3ème Université d’été de la relation d’aide chrétienne

24 août 2010 à Lyon-Valpré

par Jean Monbourquette et Isabelle d’Aspremont Lynden

(…)

La gravité du deuil de quelqu’un à la suite de la mort d’un être cher

 Mes réflexions et mes observations sur le deuil m’ont permis de constater le phénomène suivant : la fusion ou l’identification avec l’être cher tend à se perpétuer après la mort de celui-ci. C’est pourquoi il n’est pas rare de rencontrer chez des endeuillés, le désir de mourir de la même façon que l’être aimé. Sans en être toujours conscients, certains deuilleurs présentent des symptômes similaires à ceux de la maladie qui a emporté l’être cher. Ce fait est courant de voir les endeuillés souffrir de faiblesse cardiaque, de cancer et d’emphysème sans être pourtant réellement malades. D’autres restent hantés par des idées suicidaires à la suite du suicide d’un proche; enfin, il y en a qui vivent dans la peur de mourir dans un accident de la route comme l’être cher disparu et ainsi de suite. C’est comme si les survivants se programmaient à subir une mort similaire à celle de l’être cher disparu.

 Une telle programmation se rencontre souvent chez les membres d’une même famille, en particulier chez les épouses. Certaines d’entre elles sont portées à se laisser mourir de la même maladie qui a fait mourir leur mari, comme si une fatalité s’acharnait sur elles. Le deuil semble donc, à première vue, réveiller l’instinct de mourir à la façon du défunt.

 « Faire son deuil », tout paradoxal que cela paraisse, consisterait-il donc à accepter de « mourir »? Oui, certes pas nécessairement d’une mort physique, mais bien d’une mort symbolique.

 Libéré de ses liens fusionnels avec la personne aimée, l’endeuillé sera amené à faire l’expérience de nouveaux liens avec le défunt sans pourtant l’oublier. La douleur occasionnée par l’absence de la personne aimée disparaîtra et l’endeuillé se sentira habité d’une nouvelle présence du cher défunt, présence mystérieuse, subtile et spirituelle, mais non moins réelle que la présence physique.

 Voyons maintenant les étapes de la résolution d’un deuil qui conduiront à la création de ces nouveaux liens avec le décédé. Elles servent de points de repère pour évaluer et suivre l’évolution d’un deuil.

 Les diverses étapes de résolution d’un deuil

 Avant d’aborder l’étude de ces étapes du deuil, une mise au point s’impose. Disons que chaque personne vit son deuil à sa manière. Il n’y a pas une façon idéale ou déterminée pour résoudre un deuil. Par ailleurs, les spécialistes du deuil ont discerné, dans la résolution d’un deuil, des moments communs à tous les endeuillés qu’on peut appeler « étapes » au sens large du terme. Ces étapes serviront d’indicateurs permettant d’évaluer l’évolution d’un deuil normal ou de détecter les retards et les blocages d’un deuil pathologique.

 Mon expérience auprès des endeuillés m’a amené à répartir l’évolution du deuil sur sept étapes, à savoir le choc, le déni, l’expression des émotions, la prise en charge des tâches reliées au deuil, la recherche d’un sens, l’échange mutuel des pardons et enfin, l’héritage.

 Voici une brève description de ces étapes :

à suivre

Dance… to the end of love

Dance me to your beauty with a burning violin

Dance me through the panic ‘til I’m gathered safely in

Lift me like an olive branch and be my homeward dove

Dance me to the end of love

Dance me to the end of love

Oh let me see your beauty when the witnesses are gone

Let me feel you moving like they do in Babylon

Show me slowly what I only know the limits of

Dance me to the end of love

Dance me to the end of love

D’une conférence sur le deuil (1)

LE DEUIL, SON DÉROULEMENT ET SA RÉSOLUTION

 Conférence donnée lors de la 3ème Université d’été de la relation d’aide chrétienne

24 août 2010 à Lyon-Valpré

par Jean Monbourquette et Isabelle d’Aspremont Lynden

 Isabelle D’Aspremont Lynden: Conseillère en relation d’aide, elle anime des sessions de croissance sur les thèmes du deuil, de l’ombre, du pardon, de la mission, de l’estime de soi, en Europe et au Canada. Elle est co-auteur de Stratégies pour développer l’estime de soi et l’estime du Soi.

 Jean Monbourquette : Professeur à l’Institut de pastorale de l’Université Saint-Paul à Ottawa. Licence en théologie, Maîtrise en philosophie, Maîtrise en sciences de l’éducation (Université d’Ottawa), Maîtrise en psychologie clinique (Université de San Francisco) et Doctorat en psychologie (International College de Los Angeles). Il a notamment écrit : Grandir : aimer, perdre et grandirDe l’estime de soi à l’estime du Soi : de la psychologie à la spiritualitéDemander pardon sans s’humilier.

 Introduction

 « Faire son deuil » signifie « faire son temps de douleur », le terme deuil signifiant « douleur » en ancien français. Aussi, le deuil n’évoque pas un état permanent mais bien un état temporaire, un passage obligé, dès lors transitoire. Il doit nécessairement déboucher sur une nouvelle façon de vivre sa vie. Bref, le deuil s’avère être une petite mort passagère et symbolique, le temps de refaire de nouveaux liens avec l’aimé disparu.

 L’attachement et le deuil

 Il existe deux formes majeures d’attachement à une personne : l’attachement par amitié et l’attachement par fusion. Cependant, pour bien les distinguer, il est important de connaître le sens de chacune de ces deux formes.

 L’attachement sous forme d’amitié

 L’attachement par amitié repose sur la base d’intérêts communs, de valeurs semblables, d’aspirations et d’une même vision du monde. Bref, c’est l’attachement de deux ou plusieurs individus autonomes qui se décident à former une union par liens d’amitié.

 L’attachement sous forme de fusion

Par contre, l’attachement par fusion s’appuie sur des projections mutuelles. Les personnes qui s’attachent par fusion se complètent et vivent par dépendance mutuelle. Exemple : La fusion affective et passionnelle entre amoureux se réalise grâce à des projections de l’une sur l’autre. L’un et l’autre vivent en symbiose, c’est-à-dire à même les qualités découvertes chez l’autre. Ils trouvent leur épanouissement l’un dans l’autre et ils ont tendance à s’identifier l’un à l’autre et à avoir l’impression d’être « deux dans une seule chair ». Certes, la mort ou la séparation de l’un d’eux représentera une grave perte pour l’autre.

 Celui qui a beaucoup investi son énergie en termes de temps, d’amour, de soucis, de rêves et d’espoir au point de vouloir lui ressembler est à même d’avoir le sentiment de vivre à travers son cher disparu. Il n’est pas étonnant que le survivant désire le suivre dans la mort.

 Par conséquent, il sera impossible de faire l’économie d’un deuil sans avoir à subir des effets néfastes comme l’isolement, l’ennui, la perte d’enthousiasme et, parfois, la dépression suivie d’un suicide.

 La perte d’une activité, d’un animal et d’un objet précieux

 Le deuil ne se limite pas à la perte d’une personne aimée. Lors de remue-ménage majeurs, il s’impose à toute personne qui s’est investie dans un emploi qu’elle aime bien, dans l’affection d’un animal de compagnie ou dans des choses précieuses à ses yeux. Cela prend tout son sens quand il y a, par exemple : la perte d’un emploi où l’on avait œuvré durant plusieurs années, la perte d’une activité sportive à cause d’un accident, l’abandon de son pays par un immigrant, la mort d’un chien fidèle ou la disparition d’un objet précieux qui a acquis de l’importance pour soi.

 Le propre de l’être humain est de valoriser ses activités comme le travail et le sport, ses animaux de compagnie ainsi que d’autres objets qui ont pour lui des valeurs sentimentales. On attribue à tous ces êtres perdus des significations personnelles comme si on les avait « incorporés » à soi-même.

 La gravité du deuil

 Pour bien accompagner quelqu’un dans son deuil, le thérapeute aura à comprendre la nature du deuil qui affecte la personne pour pouvoir, par la suite, en évaluer la gravité. D’abord, il aura à bien cibler l’objet du deuil : qui ou quoi a-t-il perdu, à savoir un mari, un de ses proches, un emploi, un bras, un animal de compagnie, un objet tel un meuble ancien, etc.

 Ensuite, l’accompagnateur interrogera le deuilleur sur l’importance subjective qu’il accordait à ce qu’il a perdu. À cette fin, il peut se servir d’une ou l’autre des questions suivantes :

  Que représentait pour toi l’être aimé? »

 « Que lui as-tu sacrifié en l’aimant (en termes de temps, de soin, d’énergie, de rêves, de projets…)? »

 « Quelle importance lui as-tu accordée dans ta vie? »

 À mesure que les réponses émergeront peu à peu à la conscience de l’endeuillé, elles lui permettront de mesurer jusqu’à quel point il s’était épris de l’être cher. Du même coup, il pourra se rendre compte de l’étendue de sa perte et du degré de gravité de son deuil.

 La perte de l’être aimé occasionne d’autres pertes. Elles paraissent moins importantes que celle de la personne elle-même. Les pertes dites secondaires ont parfois plus de poids que la perte de la personne ou de l’objet perdu.

 Voici le cas d’une femme qui avait perdu son conjoint. Du même coup, elle avait perdu les rôles que jouait son mari à savoir un confident, un compagnon pour l’éducation des enfants, un pourvoyeur, un amoureux, un gérant d’affaires, un protecteur, etc. Toutes ces facettes de la relation sont aussi des facettes de son deuil.

 Or il arrive souvent, dans ce type de situation, que les pertes conséquentes revêtent pour la personne endeuillée une importance plus grande que la perte de la personne elle-même. Alors, j’ai demandé à ma cliente ce que son époux représentait pour elle. Elle me répondit entre deux sanglots : « Mon mari était toute ma sécurité et ma protection dans la vie ». Certes, cette femme pleurait un époux, mais elle perdait surtout un protecteur. La peine qu’elle éprouvait découlait surtout du fait de se voir maintenant seule, vulnérable et presque abandonnée.

à suivre

Izolarea și rebelii sistemului — Maria’s diaries

Neavând prea multă activitate zilele astea, stau și observ ce se întâmplă în jur. Un lucru care sare-n ochi e furia. Furia colectivă față de cei care nu respectă izolarea, față de bișnițarii care vând măști cu 100 de lei bucata, față de diaspora, față de propriul sechestru la domiciliu… Suntem foarte nervoși în […]

via Izolarea și rebelii sistemului — Maria’s diaries