Méditation d’un dominicain sur les lectures du troisième lundi de l’Avent B
Frère Youssef El Kosseifi |
Couvent de Poitiers |
Dans les lectures d’aujourd’hui, le Livre des Nombres nous raconte que Balak, roi de Moab, a peur du peuple d’Israël. Il demande à Balaam, un devin, d’aller le maudire. Mais Balaam, pour ne pas transgresser la Parole de Dieu, non seulement ne maudit pas le peuple, mais il le bénit, au désespoir de Balak. Dieu ne se manipule pas : l’Esprit saint n’en fait qu’à sa guise !
La peur est mauvaise conseillère. Elle est l’ennemie de l’homme. Est-ce que je ne vis pas souvent, comme Balak, dans la peur ? La peur de mes limites et de ne pas être aimé ; la peur du virus et de ma vulnérabilité ; la peur de la punition et de la souffrance ; la peur des attentats et des violences, la peur de l’avenir, la peur de l’autre… et même la peur de Dieu ! La peur me pousse à considérer celui qui est différent comme un rival, voire un ennemi.
Vais-je donc perdre mes moyens ? J’ai peur ! Mon ennemi est plus fort que moi ! Que faire d’autre sinon utiliser la religion — et Dieu — pour déstabiliser mon adversaire et le vaincre ? « Non, nous dit le Seigneur, n’aie pas peur ! » Le Seigneur m’aide à canaliser mes peurs qui me détruisent. Le Seigneur insiste sur ma responsabilité, ma capacité à faire face sans céder à la peur.
Ne nous servons pas de Dieu pour légitimer nos œuvres politiques, économiques et guerrières. Renoncer à la violence et à l’affrontement dépend de moi. La paix exige du courage et de l’audace. Face à ma peur de l’autre, quel chemin vais-je prendre ? En me libérant de mes peurs, je peux devenir témoin de la paix. C’est le sentier sur lequel le Seigneur me précède.