« Lève-toi, prends ton brancard, et marche. »

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 5,1-16.

À l’occasion d’une fête juive, Jésus monta à Jérusalem.
Or, à Jérusalem, près de la porte des Brebis, il existe une piscine qu’on appelle en hébreu Bethzatha. Elle a cinq colonnades,
sous lesquelles étaient couchés une foule de malades, aveugles, boiteux et impotents.
[…]
Il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans.
Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, lui dit : « Veux-tu être guéri ? »
Le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. »
Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton brancard, et marche. »
Et aussitôt l’homme fut guéri. Il prit son brancard : il marchait ! Or, ce jour-là était un jour de sabbat.
Les Juifs dirent donc à cet homme que Jésus avait remis sur pieds : « C’est le sabbat ! Il ne t’est pas permis de porter ton brancard. »
Il leur répliqua : « Celui qui m’a guéri, c’est lui qui m’a dit : “Prends ton brancard, et marche !” »
Ils l’interrogèrent : « Quel est l’homme qui t’a dit : “Prends ton brancard, et marche” ? »
Mais celui qui avait été rétabli ne savait pas qui c’était ; en effet, Jésus s’était éloigné, car il y avait foule à cet endroit.
Plus tard, Jésus le retrouve dans le Temple et lui dit : « Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire. »
L’homme partit annoncer aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri.
Et ceux-ci persécutaient Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris


Saint Augustin (354-430)
évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 124

« Veux-tu être guéri ? »

Les miracles du Christ sont des symboles des différentes circonstances de notre salut éternel (…) ; cette piscine est le symbole du don précieux que nous fait le Verbe du Seigneur.
En peu de mots, cette eau, c’est le peuple juif ; les cinq portiques, c’est la Loi écrite par Moïse en cinq livres. Cette eau était donc entourée par cinq portiques, comme le peuple par la Loi qui le contenait. L’eau qui s’agitait et se troublait, c’est la Passion du Sauveur au milieu de ce peuple.
Celui qui descendait dans cette eau était guéri, mais un seul, pour figurer l’unité. Ceux qui ne peuvent pas supporter qu’on leur parle de la Passion du Christ sont des orgueilleux ; ils ne veulent pas descendre et ne sont pas guéris.
« Quoi, dit cet homme hautain, croire qu’un Dieu s’est incarné, qu’un Dieu est né d’une femme, qu’un Dieu a été crucifié, flagellé, qu’il a été couvert de plaies, qu’il est mort et a été enseveli ? Non, jamais je ne croirais à ces humiliations d’un Dieu, elles sont indignes de lui ».
Laissez parler ici votre cœur plutôt que votre tête.
Les humiliations d’un Dieu paraissent indignes aux arrogants, c’est pourquoi ils sont bien éloignés de la guérison. Gardez-vous donc de cet orgueil ; si vous désirez votre guérison, acceptez de descendre. Il y aurait de quoi s’alarmer, si on vous disait que le Christ a subi quelque changement en s’incarnant.
Mais non (…) votre Dieu reste ce qu’il était, n’ayez aucune crainte ; il ne périt pas et il vous empêche vous-même de périr. Oui, il demeure ce qu’il est ; il naît d’une femme, mais c’est selon la chair. (…) C’est comme homme qu’il a été saisi, garrotté, flagellé, couvert d’outrages, enfin crucifié et mis à mort. Pourquoi vous effrayer ? Le Verbe du Seigneur demeure éternellement. Celui qui repousse ces humiliations d’un Dieu ne veut pas être guéri de l’enflure mortelle de son orgueil.
Par son incarnation, notre Seigneur Jésus Christ a donc rendu l’espérance à notre chair. Il a pris les fruits trop connus et si communs de cette terre, la naissance et la mort.
La naissance et la mort, voilà, en effet, des biens que la terre possédait en abondance ; mais on n’y trouvait ni la résurrection, ni la vie éternelle. Il a trouvé ici les fruits malheureux de cette terre ingrate, et il nous a donné en échange les biens de son royaume céleste.

Epopeea unei carti – Richard Rohr, Caderea intru inaltare — Persona

Richard Rohr, Căderea întru înălțare Sincer să fiu, nu-mi amintesc exact de la cine am auzit pentru prima dată numele preotului franciscan american Richard Rohr. Să fi fost, probabil, prin 2010. Am început, imediat, să caut scrierile lui și m-am abonat la newsletter-ul lui zilnic, pe care îl primesc și acum. În aprilie 2011 a […]

Epopeea unei carti – Richard Rohr, Caderea intru inaltare — Persona

„…moving through the “no” of fear to the “yes” of love”

Father Richard Rohr locates the primary source of our fears in our small or false selves, which are unable to trust the love of God that infuses all of reality.  

Fear unites the disparate parts of our false selves very quickly. The ego moves forward by contraction, self-protection, and refusal, by saying no. Contraction gives us focus, purpose, direction, superiority, and a strange kind of security. It takes our aimless anxiety, covers it up, and tries to turn it into purposefulness and urgency, which results in a kind of drivenness. But this drive is not peaceful or happy. It is filled with fear and locates all its problems as “out there,” never “in here.”  

The soul or the True Self does not proceed by contraction but by expansion. It moves forward, not by exclusion, but by inclusion. It sees things deeply and broadly not by saying no but by saying yes, at least on some level, to whatever comes its way. Can you distinguish between those two very different movements within yourself?  

Fear and contraction allow us to eliminate other people, write them off, exclude them, and somehow expel them, at least in our minds. This immediately gives us a sense of being in control and having a secure set of boundaries—even holy boundaries. But people who are controlling are usually afraid of losing something. If we go deeper into ourselves, we will see that there is both a rebel and a dictator in all of us, two different ends of the same spectrum. It is almost always fear that justifies our knee-jerk rebellion or our need to dominate—a fear that is hardly ever recognized as such because we are acting out and trying to control the situation.  

Author Gareth Higgins describes moving through the “no” of fear to the “yes” of love:  

Look beneath your fear and you will discover what it is you really care about. What you wish to protect: people, places, things, hopes, dreams. Aggression, shame, and disconnection—even as attempts at making a better life for me or a better world for all of us—don’t work. But as we expand our circle of caring to include all people, all places, all of creation, we discover that our fears are shared and that all our cares come from the same place. Come to understand your fear, and you may find that we’re all just trying to figure out how to love. [1] 

Father Richard continues:  

Unless there is someone to hold and accompany us on these inner journeys, much of humanity cannot go very deep inside. If only we knew Who we would meet there, and could say, with St. Catherine of Genoa (1447–1510), “My deepest me is God!” [2] Without such accompaniment, most of us will stay on the surface of our own lives, where small-spiritedness keeps us from being bothered by others. Yet with divine accompaniment, we will literally “find our souls” and the One who lovingly dwells there.  

[1] Gareth Higgins, How Not to Be Afraid: Seven Ways to Live When Everything Seems Terrifying (Minneapolis, MN: Broadleaf Books, 2021), 34. 

[2] Catherine of Genoa, Vita, chapter 15.

Adapted from Richard Rohr, Dancing Standing Still: Healing the World from a Place of Prayer (New York: Paulist Press, 2014), 66–69. 

Homélie pour le 4e Dimanche du carême (C) — Blogue du Moine ruminant

Aujourd’hui, Jésus nous raconte une histoire. Une de ses plus belles histoires dont lui seul a le secret. Une histoire comme bien des histoires que l’on raconte aux enfants : « Il était une fois un homme… »

Mais pourquoi Jésus raconte-t-il cette histoire? L’évangéliste Luc nous en donne l’explication suivante : « Les collecteurs d’impôts et les pécheurs s’approchaient tous de Jésus pour l’écouter. Et les pharisiens et les scribes murmuraient; ils disaient : “Cet homme-là fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux !”  La parabole de l’enfant prodigue est donc une réplique à la critique des opposants de Jésus.

Comme une pièce de théâtre, elle met en scène différents personnages, mais l’acteur principal, c’est le Père. Cette parabole aurait pu s’intituler “la parabole de la miséricorde du Père”, tellement le visage que Jésus nous dépeint de lui est étonnant, surprenant même. Est-ce que Dieu peut nous aimer à ce point? Les pharisiens et les scribes semblent en douter.

Jésus nous raconte l’histoire d’un jeune homme qui dépouille littéralement le père de son bien quand il quitte la maison avec sa part d‘héritage. Mais le Père le laisse aller. L’agir du fils cadet va aller à l’encontre de toutes les valeurs de sa famille : il s’établit dans un pays païen, il devient le gardien d’un troupeau de porcs, un animal impur pour les Juifs. Il mène une vie dissolue et, d’après son frère, il aurait dépensé tout son argent avec les files. Ici, l’on sent la méchanceté de l’aîné, mais nous y reviendrons.

Le Père lui ne cesse d’attendre son fils devant la maison. Il l’attend sans doute depuis son départ, et quand il le voit revenir, il se jette à son cou. Le fils cadet n’a même pas le temps de dire à son père toute la formule de regret qu’il avait préparé. Le Père le prend dans ses bras, il l’embrasse et il ordonne aux serviteurs de préparer la salle pour la fête.

Le fils cadet n’est pas dépouillé de sa dignité aux yeux du Père parce qu’il a péché. Au contraire, le Père s’écrie : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller. Mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds.”

Le père revêt son fils des habits de l’élection, de la bénédiction. Le fils est choisi à nouveau par son père. Il est revêtu des sandales de l’homme libre, de la bague des fiançailles, et il est invité au banquet des noces. “Allez chercher le veau gras, tuez-le; mangeons et festoyons. Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé.”

Par cette parabole Jésus veut nous révéler ce visage trop souvent méconnu de Dieu, pour qui il n’y a pas de pays, aussi lointains soient-ils, de situations, aussi désespérées soient-elles, dont on ne peut revenir. Jésus raconte cette parabole parce qu’on l’accuse de faire bon accueil aux pécheurs. Elle met en scène un fils aîné qui représente ces pharisiens et ces scribes qui critiquent Jésus. Le fils cadet lui représente les pécheurs qui ont besoin de guérison, et qui, dans leur exil, ont entendu la Bonne Nouvelle du Christ, et ont repris le chemin vers la maison du Père.

Maintenant, il est important de souligner l’attitude du Père à l’endroit du fils aîné, lui qui refuse d’entrer dans la salle du festin. Le père va même sortir pour aller lui parler. Une invitation lui est faite à prendre part au grand pardon de Dieu. “Mon enfant, lui dit-il, toi tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.”

Voyez comme le père l’aime lui aussi, alors que le fils aîné semble tout ignorer de cet amour du Père pour lui. Le Père prend même la peine de s’expliquer : “Mais il fallait festoyer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et il est vivant, il était perdu et il est retrouvé.” Remarquez que le père ne dit pas “mon fils que voici était perdu…”, mais plutôt “ton frère que voici”. Le fils cadet n’est pas seulement un fils pour son Père, mais il est aussi un frère pour le frère aîné et tous les deux sont aimés tout autant.

Jésus nous enseigne aujourd’hui que notre Père du ciel est un Dieu d’amour et de miséricorde, et que dans son pardon nous trouvons la guérison. Les paroles du Père pour le fils aîné sont tout aussi empreintes de tendresse que pour le fils cadet, car Dieu aime tous ses enfants. Dans nos vies, l’on peut être tour à tour fils cadet et fils aîné, fille cadette et fille aînée, mais Jésus dans cette parabole nous invite à aller plus loin. Il nous invite à devenir comme le Père.

Vous connaissez l’expression “tel père, tel fils”, “telle mère, telle fille”. La parabole de l’enfant prodigue nous est racontée pour nous dévoiler le vrai visage de Dieu, et pour nous inviter à devenir comme Lui, à porter avec Lui le souci du monde, à aimer avec Lui tous nos frères et sœurs où qu’ils soient, quelles que soient leurs situations.

Tous ensemble, nous avons la charge de tous les humains, d’ici et d’ailleurs, chacun et chacune de nous, selon nos possibilités, nos talents, nos ressources. Nous avons tous un rôle à jouer dans ce ministère de la réconciliation qui nous est confié en Église. Comme nous le rappelle saint Paul, nous sommes tous des ambassadeurs du Christ, et le premier pas qui mène vers l’autre, est tout d’abord de porter le souci de cet autre, de ne pas vivre dans l’indifférence, dans l’ignorance de l’autre, surtout les plus pauvres. Nous devenons des reflets du visage du Père quand nous avons le souci des plus malheureux. Voilà ce à quoi Jésus nous invite dans la parabole de l’enfant prodigue.

Je me souviens de cette jeune infirmière qui revenait d’Haïti et qui pleurait en me racontant la misère qu’elle avait vue là-bas, et qui m’avait dit : “Il me semble, que le bon Dieu doit avoir honte de nous.” En dépit du propos, je la trouvais belle dans son indignation et dans sa tristesse. Je me disais : “voilà vraiment la fille de son père, son Père du ciel. Comme il doit se reconnaître en elle”.

Yves Bériault, O.P. Dominicain.

Y a-t-il une bonne et une mauvaise culpabilité ?

La culpabilité.

Nous avons tous fait l’expérience concrète d’une différence entre ce que nous voulions et désirions atteindre comme objectif et ce que nous avons réellement atteint. Parce que nous nous sentions responsable de nos actes, c’est-à-dire pas complètement déterminé par les contextes et la biologie, nous avons éprouvé, parfois, une culpabilité. Culpabilité dont l’origine est très complexe mais qui lorsqu’elle est consciente s’exprime comme une morsure intérieure devant le constat de la distance entre le moi idéal (que je pensais mettre en œuvre) et le moi réel que je suis bien obligé de reconnaître (et qui n’est pas si efficace que ça). Bref ! ma statue s’effondre, ou du moins se lézarde.

Tout d’abord rappelons-nous que ce sentiment de culpabilité est structurant de toute psychologie humaine. Aurait de graves problèmes relationnels toute personne qui n’éprouverait jamais de sentiment de culpabilité.

Mais lorsqu’il y a culpabilité, il peut y avoir bonne et mauvaise culpabilité. La mauvaise culpabilité, la culpabilité que l’on pourrait appeler pathologique est celle qui nous enfermerait complètement sur nous-mêmes avec un goût mortifère. Elle est en général disproportionnée au regard de ce qui a été effectivement vécu. Par exemple on rate son permis de conduire à un point la première fois et on pense que le monde s’effondre, que la vie ne vaut plus la peine d’être vécue, que tout devient insensé. Parfois même l’imaginaire s’en mêle et gonfle l’événement jusqu’à vous faire croire que vous êtes victime de persécutions…

La bonne culpabilité, en revanche, est là comme un signal avertisseur. Cet avertisseur est actionné par ce que Sigmund Freud appelle dans sa deuxième topique le surmoi. Le surmoi pour parler en termes psychanalytiques, c’est l’autorité parentale introjectée. C’est-à-dire toutes ces lois et préceptes que nous avons intégrées autour de notre enfance, en priorité en provenance de nos parents, mais aussi en provenance de toute instance tenant lieu d’autorité parentale comme peut être compris une religion, des enseignants… Bref! nous avons intégrés un certain nombre de lois régissant les comportements humains, la bienséance, le vivre ensemble et voilà qu’une transgression (en action ou par omission) Vient de se produire. Nous éprouvons une culpabilité, nous nous sentons coupables et nous cherchons plus ou moins consciemment à réparer.

Cette culpabilité peut si elle se vit toujours à l’intérieur de soi-même peut survenir lors d’un échec vis-à-vis de soi-même, des autres ou de Dieu.

Cet échec, ce que nous vivons comme tel, n’est pas toujours une faute moral ou un péché. Ainsi le cas du vase renversé pour sauver un enfant… ou la femme qui demande le sacrement du pardon pour ne pas avoir été à la messe parce qu’elle soignait son fils fort malade, …

La culpabilité est comme un feu rouge qui se met à clignoter lorsqu’un train va passer sur un passage à niveau. Mais si vous vous souvenez, il arrive que le feu clignote mais que le train ne passe pas toujours. Simplement les manœuvres dans la gare toute proche avaient déclenché le système de sécurité. Une culpabilité n’est donc pas toujours le signe d’une faute ou d’un péché.

Dans ces cas là, l’humour est sans doute un des chemins les plus efficaces pour traverser nos culpabilités de manière la plus humanisante possible.

Un texte de © Bruno Feillet

Heureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes, ils auront toujours de quoi s’amuser…

Le pardon : textes difficiles


Pasteur Robin REEVE, Eglise Évangélique de Réveil de NYON (Suisse)   http://www.eernyon.ch/    

Quelques pistes d’interprétation de textes qui semblent établir un pardon accordé à des impénitents.    

LA PRIÈRE DE NOTRE SEIGNEUR  
Matthieu 6.12 : « Pardonne-nous nos offenses comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »  

La plupart des commentaires insistent à juste titre sur le lien entre le pardon divin et celui qui est accordé par le croyant. Si notre pardon n’est pas la cause du pardon divin, Jésus insiste toutefois clairement sur la nécessité de pardonner, si nous voulons recevoir le pardon de Dieu (cf. Mt 6.14-15).   Une erreur de compréhension de cette prière serait d’y voir l’idée que Dieu « calquerait » sa manière de pardonner sur la nôtre – par exemple, si nous pardonnons à un impénitent, Dieu nous pardonnerait dans les mêmes conditions. C’est là très mal comprendre le « comme ».   En fait, la notion de pardon (et les conditions dans lesquelles il est donné) est déjà définie par le reste des Écritures.  

D’ailleurs la parabole de l’esclave impitoyable (Mt 18.23-35) illustre bien l’enseignement du Christ sur le pardon : repentant envers son maître, gracié, l’esclave est lui-même confronté àdes personnes repentantes… et ne leur pardonne pas, ce qui annule en quelque sorte la grâce qui lui avait été accordée (« je t’avais remis toute ta dette, parce que tu m’en avais supplié », v. 32)  
La conclusion de Jésus : « C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur » (v. 35) éclaire bien le fait que le Christ conçoit le pardon comme une réponse à la repentance : pardonner de tout son cœur demeure une réponse à une demande de grâce.    


LA PREMIÈRE PAROLE DU CHRIST EN CROIX  
Luc 23.34 : « Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’il font. »  

John White perçoit bien le problème posé par ce texte :   « À la lumière de l’enseignement de Jésus et de la Bible, il semble exclu de penser que Jésus offre à tous une sorte de grâce présidentielle, inconditionnelle. Le pardon en question concerne un péché particulier, exceptionnel, qui appelle une grâce immédiate : attacher le Fils de Dieu à une croix. […] Ce ‘‘pouvoir’’ d’opposition que les hommes exercent contre le Fils de Dieu appelle donc un pardon divin immédiat. Sans cela, la grâce, dont le Fils est déjà privé, sera aussi enlevée aux hommes. Jésus obtient, par sa prière, le pardon des hommes responsables de la crucifixion. Cette suspension du jugement rebondit en grâce pour toute l’humanité. […] Il n’est pas question d’une remise de peine par un salut universel, ou d’un pardon qui dépende de la bonne volonté de ceux qui le recherchent. Dieu retient, pour le moment, son jugement. » (John WHITE, Entre ciel et terre, Les dernières paroles de Jésus, Revue Réformée, n° 166 – 1990/4-5, p. 24)  

Notons aussi que Jésus, à la fin du même Évangile de Luc, proclame : « Ainsi, il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem » (Lc 24.46-47).  
La prise en compte de « circonstances atténuantes » (« ils ne savent pas ce qu’ils font ») se retrouve chez Paul, évoquant son passé violent et le pardon de Dieu : « J’ai obtenu miséricorde, parce que j’agissais par ignorance, dans l’incrédulité » (1Tm 1.13)  
Mais Paul n’a pas été pardonné pour cela sans repentance…    

LE PARDON DU PARALYTIQUE  

Matthieu 9.2 : « Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Prends courage, mon enfant, tes péchés sont pardonnés. »  

La parole du Christ est conséquente à sa perception de la foi du malade et de ses compagnons (« voyant leur foi »). Cette foi placée en lui implique une démarche de repentance (renoncement à soi et confiance en Christ) : ce serait mal comprendre le concept de foi que d’en exclure les implications par rapport au péché.  

R. T. France souligne que, si nous avons de la peine à lier la question du pardon à une situation de paralysie physique, « dans une culture où la maladie était en général rapportée au péché (voir Jn 9.2), il n’en était pas ainsi. Jésus lui-même n’affirme pas ici, ni ailleurs, qu’une maladie particulière soit le résultat du péché (cf. Jn 9.3), mais pour le malade l’assurance du pardon était une réelle raison de prendre courage (cf. v. 22 : dans les deux cas Matthieu seul inclut cette expression). » (R. T. France, Matthew, Tyndale New Testament Commentaries, Leicester : IVP, Grand Rapids : Eerdmans, 1985, p. 165)  

Ainsi, même si sa maladie n’était pas la conséquence de ses péchés personnels, le paralytique avait sans doute la compréhension de ses contemporains : il est donc venu à Jésus avec la conscience de ses péchés et le désir d’en être pardonné.  
Notons que l’Évangile est centré sur la question de l’autorité que Jésus a de pardonner les péchés – et que le texte ne s’étend donc pas expressément sur la condition préalable de la repentance (bien que les indices soient probants sur la présence de cette condition).    

L’EXIGENCE DU PARDON POUR LE CROYANT EN PRIÈRE  
Marc 11.25-26 : « Et lorsque vous êtes debout faisant votre prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos offenses. Mais si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera pas vos offenses. »  

Le contexte immédiat de cet enseignement est la malédiction du figuier et un enseignement sur l’exaucement de la prière (vv. 20-24). On peut déjà comprendre que le Christ prévient ses disciples de l’erreur qui consisterait à « maudire » leurs ennemis en comptant sur un exaucement.   Jésus nous demande-t-il ici d’accorder un pardon à une personne qui ne se repent pas ? S’agit-il ici aussi d’une démarche intérieure – le pardon se définissant alors comme un renoncement à la vengeance ?  

Un principe herméneutique important veut que les textes « clairs » priment sur les « obscurs » – avec le corollaire qu’un texte plus complet sur un sujet permet l’explication d’un texte plus concis. La comparaison avec le reste des textes sur le pardon souligne la nécessité de la repentance pour recevoir le pardon. Y compris entre croyants : « Soyez bons les uns envers les autres, pleins d’une tendre bienveillance ; faites-vous grâce, comme Dieu vous a fait grâce dans le Christ » (Éph 4.32). Le modèle du pardon divin – offert à tous, mais accordé à ceux qui seuls se repentent – sert donc pour les relations interpersonnelles.  

Alors comment comprendre le « pardonnez ! » du texte ci-dessus ?  
On peut concevoir deux situations :  
1) L’offenseur s’est repenti, mais l’offensé garde rancune : Jésus l’enjoint donc de prendre le chemin du pardon.  
2) L’offensé a du ressentiment, mais aucune démarche analogue à celle que Jésus propose en Mt 18.15ss n’a été entreprise. L’offenseur ne s’est pas repenti.  
Jésus limite-t-il la « résolution » du problème à une « absolution mentale » ? On se trouverait en tension avec le reste de son enseignement. Il est donc tout à fait acceptable de comprendre qu’il implique la démarche complète.
Noter qu’en Mt 5.23ss, l’offenseur (« ton frère a quelque chose contre toi ») est appelé à interrompre son culte et d’aller se réconcilier avec celui qu’il a offensé (« laisse ton offrande là, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère », v. 24)  

L’enseignement ici est qu’on ne peut approcher Dieu et attendre son pardon, si l’on ne va pas offrir le pardon à ceux qui nous offensent – mais l’idée d’une absolution inconditionnelle (qui serait finalement une négation du mal et un mauvais service rendu à l’offenseur, que l’on n’aide ni à prendre conscience de son péché, ni de s’en distancier) vient en conflit avec des textes plus clairs sur le sujet.
    

Prière pour la paix en Ukraine — Blogue du Moine ruminant

Dieu de paix et de justice,

aujourd’hui, nous prions pour le peuple de l’Ukraine.

Nous prions pour la paix et le dépôt des armes.

Nous prions pour tous ceux et celles qui craignent le lendemain,

afin que ton Esprit s’approche d’eux et les console.

Nous prions pour les personnes qui ont le pouvoir sur la guerre ou la paix,afin que […]

Prière pour la paix en Ukraine — Blogue du Moine ruminant

Tu ne craindras pas

Psaume 90/91

„Celui qui demeure sous l’abri du Très Haut repose à l’ombre du Puissant…”

Celui qui demeure sous l’abri du Très Haut
Repose à l’ombre du Puissant.
Je dis à l’Éternel: Mon refuge et ma forteresse,
Mon Dieu en qui je me confie !

Car c’est lui qui te délivre du filet de l’oiseleur,
De la peste et de ses ravages.
Il te couvrira de ses plumes,
Et tu trouveras un refuge sous ses ailes;
Sa fidélité est un bouclier et une cuirasse.
Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit,
Ni la flèche qui vole de jour,
Ni la peste qui marche dans les ténèbres,
Ni la contagion qui frappe en plein midi.

Que mille tombent à ton côté,
Et dix mille à ta droite,
Tu ne seras pas atteint;
De tes yeux seulement tu regarderas,
Et tu verras ce que produit la méchanceté.
Car tu es mon refuge, ô Éternel !

Tu fais du Très Haut ta retraite.
Aucun malheur ne t’arrivera,
Aucun fléau n’approchera de ta tente.
Car il ordonnera à ses anges
De te garder dans toutes tes voies;
Ils te porteront sur les mains,
De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
Tu marcheras sur le lion et sur l’aspic,
Tu fouleras le lionceau et le dragon.

Puisqu’il m’aime, je le délivrerai;
Je le protégerai, puisqu’il connaît mon nom.
Il m’invoquera, et je lui répondrai;
Je serai avec lui dans la détresse,
Je le délivrerai et je le glorifierai.
Je le rassasierai de longs jours,
Et je lui ferai voir mon salut.

REMARQUES

  • Ce paume pose question, en effet, nous savons bien que la foi n’a jamais été la garantie qu’aucun malheur ne nous arrive, et quand vient une catastrophe naturelle, par exemple un raz de marée, le plus juste et le plus pécheur sont noyés ensemble. .Alors que dit ce psaume ? Que le projet de Dieu est notre bonheur et notre vie. Il travaille et nousappelel à travailler pour cela, pour protéger chacun. Et ce psaume nous dit qu’en tout cas, quoi qu’il se passe, Dieu nous gardera dans son amour pour cette vie présente et pour toujours, dans la santé comme dans la maladie, dans la joie comme dans la dépression, et même quand nos chemins se perdent… la promesse est qu’il nous fera voir le salut.

  • Des traductions anciennes parlent ici du Tout-Puissant, c’est pour le moins une faute de traduction, et la plupart des traductions modernes ont corrigé en le Puissant car il n’y a pas marqué qol shaddaï, mais seulement Shaddaï. D’ailleurs, ce mot peut signifier deux choses, peut-être le Dieu créateur qui détruit le mal dans le monde (c’est l’idée retenue par ceux qui traduisent Le Puissant), ce mot peut aussi (et à mon avis plus vraisemblablement) signifier le Dieu qui est comme une mère qui allaite son enfant (Shaddaï = les deux seins), L’idée serait ici que Dieu nous fait grandir, nous donne de la force contre le mal. Et la prière de ce psaume est une ouverture à cette action prodigieuse de Dieu dans le monde et en nous, comme source d’amour, d’évolution et de vie éternelle.

https://oratoiredulouvre.fr/index.php/spiritualite/psaumes-prier/psaume-91-celui-qui-demeure-sous-labri-du-tres-haut-repose-a-lombre-du-puissant

„Celui qui m’a envoyé c’est le Seigneur…”


l’Évangile au Quotidien
« Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » Jn 6, 68

Dimanche 20 Mars
Troisième dimanche de Carême

Livre de l’Exode 3,1-8a.10.13-15.

En ces jours-là, Moïse était berger du troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiane. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à la montagne de Dieu, à l’Horeb.
L’ange du Seigneur lui apparut dans la flamme d’un buisson en feu. Moïse regarda : le buisson brûlait sans se consumer.
Moïse se dit alors : « Je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire : pourquoi le buisson ne se consume-t-il pas ? »
Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour voir, et Dieu l’appela du milieu du buisson : « Moïse ! Moïse ! » Il dit : « Me voici ! »
Dieu dit alors : « N’approche pas d’ici ! Retire les sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ! »
Et il déclara : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. » Moïse se voila le visage car il craignait de porter son regard sur Dieu.
Le Seigneur dit : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances.
Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel.
Maintenant donc, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël. »
Moïse répondit à Dieu : « J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dirai : “Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous.” Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? »
Dieu dit à Moïse : « Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS”. »
Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est LE SEIGNEUR, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob”. C’est là mon nom pour toujours, c’est par lui que vous ferez mémoire de moi, d’âge en d’âge. »

Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 10,1-6.10-12.

Frères, je ne voudrais pas vous laisser ignorer que, lors de la sortie d’Égypte, nos pères étaient tous sous la protection de la nuée, et que tous ont passé à travers la mer.
Tous, ils ont été unis à Moïse par un baptême dans la nuée et dans la mer ;
tous, ils ont mangé la même nourriture spirituelle ;
tous, ils ont bu la même boisson spirituelle ; car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ.
Cependant, la plupart n’ont pas su plaire à Dieu : leurs ossements, en effet, jonchèrent le désert.
Ces événements devaient nous servir d’exemple, pour nous empêcher de désirer ce qui est mal comme l’ont fait ces gens-là.
Cessez de récriminer comme l’ont fait certains d’entre eux : ils ont été exterminés.
Ce qui leur est arrivé devait servir d’exemple, et l’Écriture l’a raconté pour nous avertir, nous qui nous trouvons à la fin des temps.
Ainsi donc, celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 13,1-9.

Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient.
Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ?
Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même.
Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?
Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »
Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas.
Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?”
Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier.
Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »

La vie est là… tantôt « simple et tranquille», tantôt traversée de crises et d’épreuves. Tranquille, encore, chez nous, mais terrible sous les bombes, en Ukraine et en Syrie.

L’accepter de la main de Dieu, sans tomber pour autant dans le fatalisme ou dans une morne résignation… C’est dur. Et oui, cela exige une conversion. Une conversion permanente, une conversion durable.

Quand il évoque les Galiléens assassinés sur ordre de Pilate, Jésus appelle les hommes à changer leur cœur pour revenir à Dieu. À son tour, récapitulant les grandes étapes de l’histoire sainte, l’apôtre Paul parle de ceux qui « ont eu des convoitises mauvaises », et en ont pâti.

Tout cela, pour exhorter les chrétiens à rester fermes dans leur foi, quelles que soient les tentations rencontrées en chemin.

La tentation, dans le langage de la Bible, est une mise à l’épreuve de la foi, sous forme de contestation, de murmures, d’idolâtrie ; c’est un piège dans lequel le Tentateur essayera toujours de faire tomber les croyants. Mettant à profit nos faiblesses qu’il connaît si bien, il s’applique à saper nos bonnes résolutions, à nous pousser au mal, bref, à empoisonner notre conscience. Mais Dieu, que nous supplions, jour après jour, pour qu’il nous garde du Malin, veille sur les siens.

Il ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces, affirme, avec son autorité d’apôtre, saint Paul. Quelles que soient nos difficultés, nos épreuves, nos chutes, il nous donnera les moyens de nous en sortir. En prendre conscience, y compter, c’est déjà se convertir.

Écouter sa voix, chercher à déchiffrer sa volonté et à la suivre, c’est déjà se convertir. Sa Providence nous accompagne, et le feu de sa charité brûle, tel dans le buisson ardent, sans s’épuiser. Quant à nous, n’hésitons pas à « faire un détour », tel celui que fit Moïse, pour rencontrer Dieu. Quelles que soient les tentations, veillons et prions, comme nous l’apprend Jésus.

Nu am fost pregătiţi pentru vremurile astea! — Laurențiu Balcan

Da, ştiu, de ani de zile tot auzim că „Vine Domnul!” Însă, cu câteva excepţii, creştinii au tratat această afirmaţie – devenită pentru unii o veritabilă lozincă – cu o oarecare detaşare şi resemnare. Exact ca oamenii din satul unde copilul cioban a tot minţit că „Vine lupul!” Expresia a fost bagatelizată până la epuizare, […]

Nu am fost pregătiţi pentru vremurile astea! — Laurențiu Balcan