„Double tressaillement de la chair et de l’esprit”

LA VISITATION
Aujourd’hui, Marie rencontre Élisabeth et Élisabeth accueille Marie.
La jeunesse vient au-devant de la vieillesse.
La virginité vient s’asseoir au pied de la stérilité.La double merveille de Dieu, qui s’est penché sur son humble servante (Lc 1,48) et sur la honte de celle qui n’enfantait pas (Ps 112) 
fait tressaillir de joie l’enfant dans le sein d’Élisabeth (Lc 1,44) 
et tressaillir de joie l’esprit de Marie, en Dieu son Sauveur (Lc 1,47).

Double tressaillement, de la chair et de l’esprit, 
car ce qui est né de la chair est chair (Jean-Baptiste) 
et ce qui est né de l’Esprit est Esprit (Jésus-Christ) (Jn 3,6), 
en ces jours où le Verbe en Marie devient chair 
et où la chair du Baptiste tressaille déjà 
à l’approche de Celui sur qui il verra un jour descendre l’Esprit (Jn 3,32). 
« La descendante d’Aaron met au monde la voix dans le désert 
et la descendante de David, le Verbe du Dieu Très Haut » (S. Ephrem). 

L’épouse du prêtre porte au monde le plus grand des enfants des femmes 
(Lc 7,28) et la fiancée de Joseph (Lc 1,27) le Dieu sauveur des hommes. 
Élisabeth allume la lampe qui brûle et qui luit (Jn 5,35) sur les bords du Jourdain, 
et Marie embrase le soleil de justice qui brillera à la face des peuples.

(…)Oui, que la Lumière de ce jour de fête guide nos pas fraternels à la Lumière de sa paix !Car la leçon la plus belle de ce jour béni est que toute rencontre est bonne, juste et vraie, 
quand on laisse transparaître en soi la Présence du Dieu caché 
et que l’on reconnaît en l’autre la trace du même Dieu. 
Alors, entre nous, c’est Dieu qui parle à Dieu. 
On est d’autant plus frères que l’on est d’autant plus fils.

Frère Pierre-Marie, homélie pour la fête de la Visitation, le 31 mai 1978

Lettre de Jérusalem (FMJ) n°22 – Juin 2022

La visitation de la Vierge Marie à Elisabeth

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1, 39-56

En ces jours-là,
Marie se mit en route et se rendit avec empressement
vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie
et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie,
l’enfant tressaillit en elle.
Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni.

D’où m’est-il donné
que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles,
l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Sa miséricorde s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.

Déployant la force de son bras,
il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes,
il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour
de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »

Marie resta avec Élisabeth environ trois mois,
puis elle s’en retourna chez elle.

 Méditation de l’Evangile du mardi 31 mai

Le Mystère de la Visitation c’est le Mystère de la puissance discrète et efficace de la Vierge Marie dans l’histoire de notre Salut, dans l’histoire de nos vies. C’est elle qui vient la première au-devant de ses enfants, tout comme le Père de l’enfant prodigue.

„En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. „

Elisabeth dit à Marie : ” Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ; comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?”

Marie n’est pas une puissance splendide et inaccessible; elle est la femme merveilleuse qui porte Dieu et vient à nous.

.”Car lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au dedans de moi.” 

Il est intéressant d’écouter cette notation de la mère de Jean-Baptiste qui a vécu, ressenti viscéralement, cette force de Jésus en Marie. Cette force passe par la voix de Marie, pour atteindre d’abord Jean-Baptiste qui bondit dans le sein maternel, puis atteindre Elisabeth, envahie elle-même de l’Esprit-Saint.

” Et Marie dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. Or, quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Elisabeth fut remplie de l’Esprit-Saint „

Le rayonnement de Marie vient de celui qu’elle porte, Jésus devient par elle source de joie.

Que pensez alors de Joseph, celui qui a vécu si près d’elle ? Combien l’Esprit de Dieu a dû remplir sa vie, même au milieu des doutes et de la détresse du cœur.

Le mystère de la Visitation nous révèle aussi l’action de l’Esprit-Saint si active, si attentive. Or, Marie resta avec elle environ trois mois, et elle retourna chez elle.

Marie rencontra son prochain, pas seulement dans un geste ou une parole, pas seulement à travers un sourire, mais dans un service, comme bonne à tout faire, chez Elisabeth, durant trois mois, jusqu’à la naissance de son bébé, ce qui explique qu’elle puisse nous en raconter tous les détails.

Père Gabriel

Vino, Mângâietorule, Duhule Sfinte

Potir de ploaie datator, izvorator de foc, care ai pogorat asupra Apostolilor, Tie cantare Iti  aducem, pe Tine Te binecuvantam si Tie Iti multumim, Dumnezeule, Duhule Sfinte:

Vino, Cela ce sfintesti Biserica si o pazesti pe dansa;

Vino si daruieste un suflet si o inima celor ce cred intru Tine;

Vino si aprinde evlavia noastra cea rece si neroditoare;

Vino si risipeste negura necredintei si a rautatii, care se indeseste pe pamant;

Vino si ne calauzeste pe toti pe drumul vietii celei drepte;

Vino si ne povatuieste la tot adevarul;

Vino, Intelepciune Neajunsa, si cu judecatile cele de Tine stiute, mantuieste-ne;

Vino, Mangaietorule, Duhule Sfinte, si te salasluieste intru noi!

„La nouvelle Pâque est célébrée, le Seigneur est ressuscité”

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église 
Sermon 155, 5-6 ; PL 38, 843 

Pentecôte, l’achèvement de Pâques

  Le peuple juif célébrait la Pâque, vous le savez, par l’immolation d’un agneau qu’il mangeait avec des pains azymes. Cette immolation de l’agneau symbolisait l’immolation de Jésus Christ et les pains azymes la vie nouvelle purifiée de l’ancien levain… Et, cinquante jours après la Pâque, ce peuple fêtait le moment où Dieu a donné sur le mont Sinaï la Loi écrite de son doigt. À la préfiguration de la Pâque succède la Pâque en plénitude (1Co 5,7) ; Jésus Christ est immolé et nous fait passer de la mort à la vie. Le mot Pâque, en effet, signifie « passage », ce qu’exprime l’évangéliste quand il dit : « L’heure était venue où Jésus devait passer de ce monde à son Père » (Jn 13,1)… 

La nouvelle Pâque est donc célébrée, le Seigneur est ressuscité, il nous fait passer de la mort à la vie…, et cinquante jours après, l’Esprit Saint, « le doigt de Dieu » (Lc 11,20), descend sur les disciples. Mais voyez quelle différence dans les circonstances. Là le peuple se tenait au loin : c’était la crainte et non l’amour qui le dominait… ; Dieu est descendu sur le mont Sinaï au milieu du feu, frappant le peuple d’épouvante… Au contraire, lorsque l’Esprit Saint est descendu, les disciples « étaient tous ensemble en un même lieu », et l’Esprit, loin de les effrayer du haut de la montagne, est entré dans la maison où ils étaient réunis (Ac 2,1s)… 
« Ils virent, dit l’Écriture, comme un sorte de feu qui se partageait en langues. » Était-ce un feu qui provoquait la peur ? Pas du tout. « Ces langues se posèrent sur chacun d’eux et ils commencèrent à parler diverses langues selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. » Écoutez la langue qui parle et comprenez que c’est l’Esprit qui écrit, non sur la pierre mais dans les cœurs (Ex 31,18 ; 2Co 3,3). Ainsi donc, « la Loi de l’Esprit de vie » (Rm 8,2), écrite dans le cœur et non sur la pierre, est en Jésus Christ en qui la Pâque a été célébrée en toute vérité.    

„…all shall be well, and all manner of things shall be well” (Julian of Norwich)

Julian of Norwich and Christians Today

Evelyn Underhill, a spiritual writer from the last century, says of Julian:

“As the first real English woman of letters, she has a special interest for us; the more so when we consider the beauty of character, depth of thought, and poetic feeling which her one book displays. In her mingled homeliness and philosophical instinct, her passion for Nature, her profound devotion to the Holy Name, she presents the best elements of English mysticism.”

– The Mystics of the Church

Julian offers Christians today language for God and the spiritual life that is maternal and distinctively feminine.

This gives us permission to approach God as Mother and Father. This will be liberating for some, complimentary for others, and difficult for some. This language can open new doors for our intimacy with God.

Julian’s relationship with God is personal, intimate, and conversational. She does not hesitate to voice her struggles. Her struggles with sin or with making sense of her experience of God and the teachings of the Church.

Throughout the showings she experiences a tension between her experience of the love of God and the Church’s teachings on hell and judgment. She does not choose one or the other but holds to her experience and to the Church’s teachings.

She tells us:


“But Jesus who in this vision informed me of all that is needed by me, answered with these words and said: ‘It was necessary that there should be sin; but all shall be well, and all shall be well, and all manner of things shall be well.”

– Long Text, Chapter 27

Neither God nor Julian resolves the tensions between the realities of sin and judgment and those of grace and love.

What Julian does is hold to both. Wise counsel for all of us, whatever our struggles or doubts, while trusting in God “that all shall be well.”

Source

Julian of Norwich and the Motherhood of God

Published by Father Goodrich on May 4, 2021

„Jésus s’en va et soudain il est là d’une autre manière”

De Romano Guardini, une page sur le ciel, la présence du Christ ressuscité, et son Ascension.

(…) Alors vient de nouveau un événement mystérieux, difficile à saisir naturellement, celui dont parle notre texte (Luc 24, 13-31), l’Ascension.

Jésus « s’en va et soudain il est là d’une autre manière, comme il l’a dit lui-même : « Je m’en vais et reviens vers vous (Jean 14,28). C’est de ce Christ revenu que parle Paul. Il est assis à la droite du Père, mais il est aussi en nous et nous en lui. Il est dans l’éternité, mais en même temps, quoique de manière nouvelle, dans le temps, au cœur du devenir… Au bord de l’histoire chrétienne il y a l’événement suprême, qui terminera et commencera tout devenir, le retour du Christ pour le jugement. Alors il sera là d’une manière encore différente, à la manière éternelle. C’est l’objet de l’Apocalypse, après que Paul en a déjà donné un aperçu. Après cela, le ciel est tout.

Qu’est-ce donc ce ciel, qui reçoit Jésus au jour de son Ascension, et qui sera tout, un jour ? Le récit des Actes (1,1-11) parle d’un mouvement ascensionnel et semble indiquer que Jésus s’est élevé de terre : le ciel serait-il dans le haut de l’espace ? Bien sûr que non. L’« en haut » spatial n’existe que dans notre esprit. Du reste nous sentons que la direction indiquée n’est que le symbole d’autre chose. Nous ne serions pas plus près du ciel évangélique en montant dans le soleil ou dans le Sirius, qu’en restant sur la terre. Il ne se trouve pas plus dans l’immensité des espaces que dans les limites terrestres… Le ciel n’est pas davantage ce qu’on vise en parlant d’une paix céleste ou d’une céleste beauté. On pense alors à des sentiments délicats de l’âme et de choses rares, étrangères à l’existence commune. Mais l’Ecriture veut dire autre chose.

Pour le saisir, il faut laisser toutes les approximations et aller droit à l’essentiel : le ciel est l’intimité sacrée de Dieu ; la manière d’être de Dieu vis-à-vis de lui-même, laquelle est, par le fait même, inaccessible à toute créature ; que Paul appelle « la lumière inaccessible », habitée par lui et que rien de créé ne peut toucher (1 Tim 6,16).

(…) Cette intimité de Dieu est le ciel. C’est en elle que le Seigneur ressuscité a été accueilli, tout entier, dans sa réalité vivante et non pas seulement quant à son esprit.

(…) L’amour rédempteur de Dieu ne s’adresse pas seulement à l’âme mais à toute la réalité humaine. Or l’homme racheté, nouveau, repose sur l’humanité divine de Jésus. Or celle-ci, commencée à l’Annonciation, s’est achevée dans l’Ascension.

Romano Guardini, „Le Seigneur”, Alsatia, Paris, 1945, tome II, pages 144-146

Ahava – D’un amour éternel

Dans la bénédiction qui suit, le fidèle tutoie son Créateur, et l’on passe sans transit du récit de la prière des anges attachés au trône céleste – les séraphins bien connus du public occidental – à la prière de l’homme qui s’adresse directement à Dieu, le Père miséricordieux. Et cette prière est celle de l’homme souffrant qui entretient l’espérance eschatologique. Elle se fonde sur l’événement initiatique du don de la Torah au mont Sinaï et l’acceptation de ce joug par Israël. Le Talmud Bera’hot précise bien que la Torah n’est pas dans le ciel (avec les anges précisément) mais que, depuis la Révélation au Sinaï, elle appartient aux hommes. Ainsi cette bénédiction prélude à une profession de foi réitérée chaque jour à deux reprises et également au moment du coucher, la prière : «Écoute Israël!»

Tu nous aimes d’un amour éternel, ô Éternel notre Dieu!
Tu as pour nous une tendresse immense et excessive.
Ô notre Père et notre Roi, pour l’amour de ton grand Nom
et pour l’amour de nos ancêtres qui eurent foi en Toi
Et à qui tu enseignas les règles de vie
Qui permettent d’accomplir ta volonté d’un cœur entier.
Prends-nous en grâce, ô notre Père, à la source de la Miséricorde.
Miséricordieux, aie pitié de nous,

Mets en notre cœur l’intelligence et la sagesse nécessaire pour entendre, apprendre,
enseigner, observer, pratiquer et accomplir les paroles de ta Torah avec amour.
Éclaire nos yeux par ta Torah, attache notre cœur à tes Commandements,
Unifie notre cœur dans la crainte et l’amour de ton Nom.
Que nous n’ayons nulle honte ni humiliation et que nous ne trébuchions jamais.
Car nous avons foi en ton Saint Nom, Grand Fort et Redoutable,
Et nous nous réjouissons de ton Secours.

Que ta Miséricorde et tes bienfaits, ô Éternel notre Dieu, ne nous fassent jamais défaut
Séla! Fais rapidement venir sur nous la bénédiction et la paix
et brise le joug des nations qui pèse sur notre cou.

Conduis-nous dans une rapide victoire vers notre pays,
Car tu es Dieu, l’artisan des délivrances.
Tu nous as choisis parmi tous les peuples et les nations
Pour te rendre grâce, proclamer ton Unité, craindre et aimer ton Nom.
Béni sois-tu, ô Éternel qui, dans l’Amour, a choisi son peuple Israël!

http://www.spiritualite2000.com/2022/05/ahava-dun-amour-eternel

Rainer Maria Rilke, ,,Să nu te strădui viața a o înțelege! – Du musst das Leben nicht verstehen” — catalinafrancoblog

Rainer Maria Rilke, ,,Să nu te strădui viața a o înțelege! – Du musst das Leben nicht verstehen”

Să nu te strădui viața a o înțelege!

Și atuncea totul va fi o petrecere.

Oricare zi tu las-o să treacă,

să izbucnească pe neașteptate,

ca un copil care alergă în vânt,

înfiorat de oricare din adierile lui.

Nu-i trece prin minte să […]

Rainer Maria Rilke, ,,Să nu te strădui viața a o înțelege! – Du musst das Leben nicht verstehen” — catalinafrancoblog

Sur l’inhabitation divine dans l’âme du croyant

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14,23-29

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ;
mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi.
Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris


Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)
carmélite, docteur de l’Église

« Si quelqu’un m’aime … nous viendrons chez lui ; nous irons demeurer auprès de lui »

J’étais une fois profondément recueillie dans la divine compagnie que j’ai toujours en mon âme ; Dieu me paraissait tellement présent en moi que je songeais à cette parole de saint Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16).

Et en effet, il me semblait que le Dieu vivant habitait réellement dans mon âme. Cette présence est différente de certaines visions que j’ai eues : elle donne une telle force à la foi que l’on ne peut aucunement douter que la Trinité est en notre âme par présence, par puissance et par essence. L’âme retire un immense profit de l’intelligence de cette vérité.

Comme j’étais saisie d’effroi en voyant une si haute Majesté présente dans une créature aussi basse que mon âme, j’entendis ces paroles : « Ton âme n’est pas basse, ma fille, car elle est faite à mon image » (Gn 1,27). (…)
Jouissant un jour de la présence des trois Personnes que je porte en mon âme, la lumière dans laquelle je les voyais en moi était si vive, qu’il n’y avait aucun doute que ce ne soit là le Dieu vivant, le vrai Dieu. (…)

Je songeais combien la vie est amère, puisqu’elle nous empêche de nous tenir toujours en cette si admirable compagnie. (…) Et le Seigneur m’a dit : « Ma fille, après cette vie, tu ne pourras plus me servir de la même manière que maintenant.

Alors, que tu manges ou que tu dormes, quoi que tu fasses, fais-le par amour pour moi, comme si tu ne vivais plus toi-même, mais moi en toi. C’est là ce que disait saint Paul » (Ga 2,20).