Au sujet du Chemin de guérison

Du cardinal Decourtray, Lyon, 1994

Le „Chemin de la Guérison” de Thierry Gamelin m’a touché en profondeur. Beaucoup de lecteurs qui ont connu comme l’auteur lui-même, l’épreuve du cancer ou celle d’une maladie grave trouveront dans ce livre une lumière neuve source de paix et de joie.

Mais celles et ceux qui ignorent ce genre de souffrance en feront aussi leur profit. La vérité qui rayonne de ce témoignage est universelle. Tous les hommes connaissent l’épreuve à un moment ou à un autre. Il arrive généralement qu’à partir d’un certain seuil la solitude semble s’imposer, avec le silence et la tristesse. Mais il y a solitude et solitude, silence et silence. Celui qui marche sur le chemin dont parle ce livre peut faire une expérience inverse. „Votre solitude n’est qu’apparente. Dieu est toujours à vos côtés”. „Accepte la Lumière, elle t’illuminera et tu recevras la paix et la joie”.

Une sorte de méthode est ici proposée. Méthode fort simple, que l’on pourrait appeler d’une manière classique une „voie”. Il y a un demi siècle, j’ai lu „les voies de l’oraison mentale”, de Dom Vital Lehodey, contemporain de Sainte Thérèse de Lisieux. Ici, il s’agit des voies de la rencontre spirituelle avec la souffrance. D’un côté comme de l’autre, une expérience primordiale est nécessaire. L’auteur du „Chemin de Guérison” a connu le moment de la libération qu’aucun mot ne peut adéquatement exprimer. Tous les sens, nous dit-il, sont comme „mis en éveil, avec une extraordinaire acuité”. Un choix entre la mort et la vie se présente. La mort ou quelque succédané comme la tristesse ou le désespoir peut l’emporter. Sur „le chemin de la guérison” la vie est victorieuse.

Mais comment dire ces choses ? Taisez-vous, gardez vos bavardages pour vous ! Thierry Gamelin a entendu longtemps intérieurement cette parole. Il lui fallut sept années pour oser écrire le texte qu’il publie aujourd’hui en vue d’aider à traverser” la souffrance. Mais il demande au lecteur, avec insistance, une attitude préalable. Qu’il fasse au moins l’effort humble d’accueillir „l’enfant de lumière” qui est en lui, et qui „lui tend les bras” ! Qu’il considère ce livre, non comme un recueil d’informations seulement objectives mais „comme un ami” qui lui tend la main ! Qu’il refuse à subir, certes, mais qu’il accepte en même temps l’hypothèse d’un sens !

Alors s’engage un „combat” qui débouche sur la victoire de Pâques. Peu à peu, pour qui se laisse guider, le témoignage devient „raison d’espérer”, „baume de paix”. Les souffrances semblaient „stériles, stupides, injustes, vaines”. Voilà qu’un sens advient à ce qui n’en a pas. La maladie était ressentie comme une punition. Elle devient enseignement. Ennemie muette elle se fait langage familier. Et même davantage encore ! Il arrive qu’elle communique les paroles sacrées d’un Père qui connaît et qui aime. Il fallait bien réapprendre à aimer et, pour cela se réconcilier avec soi-même.

Cette réconciliation va loin. M’aimer, tel que je suis, parce que c’est tel que je suis que je participe à la vie. Mes faiblesses sont des trésors d’amour qu’il me faut offrir. „Une oasis sommeille au fond de mon désert”.

Cet acte est un acte de foi; „Tu aimeras ton prochain comme toi-même”, disait Jésus. Tu n’as donc aucune raison de te haïr. Si tu t’aimes sans égoïsme, „tu ne seras plus exilé sur ta propre terre, et tu deviendras terre d’accueil”.

Et puis, dans le même mouvement, bannir donc peu à peu toute peur ! Que votre prière se coule en quelque sorte dans votre respiration, comme celle du Pèlerin Russe. L’inspiration : lumière et vie. L’expiration : angoisse et désespoir. Si votre respiration s’identifie à votre prière, alors c’est „le parfum de Dieu” qui rentrera dans votre corps. La prière sera silence, un silence qui respire ! Paix, lumière et joie grandiront en toi !

Finalement je retrouve dans le livre de Thierry Gamelin un enseignement de la Bienheureuse Elisabeth de la Trinité qui, dans l’extrême souffrance a connu de l’intérieur la vraie prière. „Laisse- toi aimer”, avait-elle osé écrire à sa prieure angoissée. „Laissez-vous aimer” lit-on ici dans les dernières pages du livre et mettez „de la lumière” dans toutes vos relations. Tel est l’appel que j’entends au terme de ce „Chemin de Guérison”.


Thierry GAMELIN, Témoignage

http://gamelin.free.fr/Chemin/CommeToi.htm

Comme toi, j’ai souffert

Si je me décide enfin à vous parler de mon cancer, et à témoigner de ma guérison, ce n’est pas pour me raconter ou pour exorciser quelque crainte. Il m’a semblé que mon témoignage pouvait être pour les autres une raison d’espérer, un baume de paix.

La maladie a été pour moi l’occasion d’une véritable renaissance. Une chance, en quelque sorte, et je vous confesserai la peur que j’ai d’en parler, tant les mots manquent de relief quand il s’agit de raconter ce qui se vit seul.

Peur de ne pas savoir traduire un intense moment de vérité qui a renouvelé le sens de ma vie. Peur de vous décevoir, et de ne pas faire passer en vous le courant d’amour qui m’a saisi au plus profond de ma détresse. Peur de ne pas savoir faire partager les larmes que j’ai versées sur mes difficultés à me porter un peu d’amour…

Je n’ai pas envie de vous décrire mon histoire : tout au plus vais-je essayer de vous faire partager quelques intuitions qui se sont épanouies sur le terreau de ma conscience. Et si ces quelques mots en forme de fleurs pouvaient être cueillis un jour, ne serait-ce que par une personne, et apporter le sourire intérieur à quelqu’un qui se croit seul, alors ces mots que j’écris auront pris une signification, car ils auront porté du fruit.

J’avais à l’époque trente-huit ans : stressé comme un cadre supérieur, arrogant comme un publicitaire, inconscient; parce que, pas le temps d’être conscient, bref, une vie sans histoire à force d’être pleine d’histoires.

C’est alors que j’ai rencontré la maladie : elle avait, pour moi, revêtu la forme d’un cancer. Un nouvel univers m’accueillait : un chirurgien – content de lui – , un chimiothérapeute – savant et inquiet – , les couloirs d’une clinique, les salles d’opération, les perfusions, les chuchotements.

Un voyage en retour vers l’enfance. C’est cela : vous prenez conscience que vous devenez un jouet à réparer, alors que pour le corps médical , vous êtes un cas , pour la clinique un numéro de chambre, et pour votre famille ou vos amis, tout simplement un malade…Un qualificatif qui va vous coller à la peau : l’impression que l’on ne vous parle plus, que l’on ne vous regarde plus de la même façon .

Comme ils vous renvoient à votre solitude, ces regards où tour à tour vous discernez des nuances de pitié, d’anxiété, d’interrogation, de compassion, de tristesse, de devoirs… Et toi qui me regardais, alors que j’étais prisonnier de mon lit, as-tu jamais imaginé que je puisse lire dans ton regard ? Peux-tu concevoir que, pour moi, il était plus bavard que tes paroles ? Peux-tu comprendre qu’il me renvoyait à mon apparente solitude, et que celle-ci m’était insupportable. Toi qui venais me faire cadeau de ta présence, tu m’ancrais dans ma solitude, et tu ne le savais pas…. Pourtant, sans même en avoir conscience, tu me rendais un grand service .

Je compris alors qu’il me fallait admettre . Admettre ma responsabilité face à la maladie. Je réalisais que le cancer n’était pas autre chose que le miroir de ma solitude, et que ma solitude renvoyait à une autre solitude comme un écho se répond à lui-même. Le manque d’amour envers moi-même m’avait rendu physiquement malade. Mais mon âme n’avait-elle pas besoin d’être soignée ? Mon cancer n’était pas une fatalité, mais le fruit amer d’un mensonge dans lequel je m’étais complu. C’était la „fable” de ma solitude.

Je me souviens avec précision du jour où j’ai souhaité mourir. C’était pratiquement, jour pour jour, deux ans avant que la maladie n’apparaisse. J’habitais à l’époque une ferme cauchoise, perchée sur une falaise qui dominait la mer. Le soleil de novembre diffusait ses rayons dorés dans ma chambre située au rez-de-chaussée. La maison était calme, les enfants à l’école, et moi, j’étais là, assis sur le lit à contempler ma vie : je me sentais incapable de surmonter les difficultés qui m’assaillaient. Difficultés de couple, difficultés professionnelles dans un milieu fermé et hostile. Je ressentais confusément que je n’avais plus ma place, que la seule solution consistait à partir, à disparaître, sur la pointe des pieds… Comme nous pouvons être faibles parfois, et combien il y v a de misère dans notre monde…

J’invoquais mes parents : ma mère était décédée deux ans auparavant, mon père quatre. Je pensais que je serais accueilli par eux, et qu’ils comprendraient .

Qu’avais-je fait de ma liberté, en avais-je abusé ?

Par quels chemins avais-je pu me croire délaissé au point que seul un cancer pouvait apporter une réponse à mes questions ? Une réponse par l’absurde, bien sûr, mais une réponse par la négation même de la vie…

Ce n’était pas mon état de santé qui était à plaindre : c’était mon cœur et mon âme qu’il fallait soigner. Tel est l’état de conscience qui, progressivement, faisait jour à l’intérieur de moi-même.

La conscience que Dieu notre Père n’avait pas voulu cette maladie. La conscience que le cancer n’était pour moi que le fruit de mes pensées de désolation…

Quel vertige me prenait alors : car je découvrais que la maladie était le miroir de mon péché, un péché commis sur moi-même, le péché de la solitude complice, une offense à notre perfection, une séparation. Nous sommes nés de la Perfection pour la Perfection… et nous ne le savons pas.

Je prenais conscience de l’amour infini de Dieu qui m’avait créé libre, totalement libre : même si j’avais abusé de cette liberté, au point de me nier moi-même : par peur. Dès lors, je comprenais qu’il m’était aussi possible de rejoindre Dieu à l’intérieur de moi-même, et de faire disparaître ma maladie dans son Amour. C’était là un grand mystère qu’il m’était donné d’éprouver . Le mystère de l’infinie douceur de Dieu qui jamais ne nous abandonne, même au plus profond de notre misère. Le mystère de sa complète discrétion, et du grand respect qu’Il a de nous-mêmes. Le mystère de notre ambiguïté : à la fois temple vivant du Dieu vivant, et temple actif des puissances du mal et de destruction.

J’ai compris que les suggestions du mal sont toujours plus bruyantes que le silence de la paix : c’est pourquoi nous nous laissons distraire… Ce sont elles qui nous conduisent à croire à notre malheur et à notre solitude. Le mal crée le mal pour se faire reconnaître et séduire : c’est pourquoi nous nous laissons abuser …

Et là, dans ce lit qui me retenait, je goûtais soudain à la liberté que Dieu me proposait à tout instant. Je cessais de donner du pouvoir au mal. Je décidais de tordre le cou à mon cancer.

Excusez mon manque de foi sur ce point : mais j’étais un peu comme Saint Thomas. J’avais besoin de voir pour croire ; il était soudain essentiel pour moi que cette maladie disparaisse, comme elle était apparue. Il me revenait le droit et le devoir de laisser la lumière gagner sur le mal. La vie devait triompher de la mort.

J’en appelais à Dieu dont je ressentais la douce présence au fond de mon cœur. J’en appelais à ma dignité d’enfant de Dieu, et je te remettais, ô mon Père, mon incrédulité et ma maladie.

C’en était fait : je savais que j’étais guéri… Je me souviens de cette prière que je T’adressais du plus profond de mon désarroi. J’étais alors seul dans un pavillon vétuste de Courbevoie. De cette chambre sinistre, située au premier étage, regardant ces papiers peints, fleuris et défraîchis, entouré de meubles qui n’étaient pas les miens, je m’adressais à Toi. Je Te disais :

„Père, je n’y comprends rien : j’ai trente huit ans. Je suis abandonné de tous. Je suis malade, je souffre. Avec mon intelligence, je ne trouve aucun sens à mes souffrances. Elles me semblent stériles, stupides, injustes, vaines. Toi seul peux leur donner un sens. Je Te les confie. Donne un sens à ce qui n’en a pas. Que ces souffrances qui sont les miennes servent à quelqu’un dans le monde, afin que rien ne soit perdu. Par la puissance de Ton Esprit, Seigneur, transforme la souffrance en Rédemption”.

„Seigneur, fais que là, couché sur ce lit, je serve à quelque chose; fais de moi un instrument de Ton plan divin.”

Cette prière devait s’accompagner d’une modification radicale de mes comportements. De nouvelles habitudes apparaissaient dans ma vie. Je ressentais soudain le besoin de recevoir l’Eucharistie. Un désir qui avait quelque chose d’étonnant ! J’étais en effet incapable d’avaler quoi que ce soit, et mon foie était largement endommagé par une chimiothérapie lourde. Même boire me provoquait des nausées insupportables. Par ailleurs, je n’étais pas, à l’époque, un „accroc” de l’Eucharistie, et la vie de l’Eglise ne constituait pas, je dois l’avouer, une de mes préoccupations essentielles. Toutefois, ce besoin nouveau s’imposait à moi. Recevoir l’Eucharistie… Cela devenait même le point central de ma vie. Comme si j’étais affamé de Vie… Le Corps du Christ devenait soudain source de vie, au sens propre du terme.

Face à la maladie, chacun a son propre chemin : aucune douleur ne ressemble à une autre, aucune guérison, physique ou spirituelle n’est la même… Aussi mon cheminement fut-il particulier. La grâce me fut envoyée un jour, et mes pas ont croisé ceux, compatissants, du Seigneur. Il venait à ma rencontre, et me demandait de Le choisir Lui, plutôt que la Maladie… Je comprenais qu’il me fallait mettre en pratique sa Parole sainte : „priez sans cesse”. Spontanément, j’entamais un régime de prières, et toutes les six heures, je me tournais vers Celui qui m’avait donné la vie…

J’avais, sans le savoir, reconstitué un rythme de prières monastique. Après tout, c’était peut-être cela „offrir sa maladie”… La „retraite” dura vingt et un jours, avec la certitude que le Seigneur se penchait sur ma misère. Il est sans doute là, le miracle, si l’on peut parler de miracle. Il était dans ce cœur à cœur, nouveau et confiant de l’être profondément blessé que j’étais. Je ne mendiais pas la guérison physique, mais l’Amour compatissant de mon Dieu. La seule chose que je savais, c’était qu’il me fallait avoir confiance, et me mettre en prière à intervalles réguliers. C’est ce que j’ai fait en me tournant vers le Christ souffrant et en Lui offrant ma maladie au fil des heures qui s’écoulaient. Non pas comme un sacrifice, en ce sens que ma souffrance n’était pas une finalité offerte, mais comme un „sacrifice saint”, en ce sens que ma souffrance était remise au Seigneur comme un moyen, comme un outil que seul , Lui, pouvait transformer en outil d’Amour. Je faisais de moi le complice actif de Sa Divine Rédemption.

Il m’était donné de comprendre que chacune des actions de notre vie pouvait – et devait – revêtir un sens. Quand bien même porteraient-elles comme nom : „maladies”, le drame provient de l’absurde. Ce qui est intolérable à l’homme, c’est de ne pas comprendre, de „subir „en victime une situation. L’ignorance est davantage mère de douleurs que la souffrance elle-même.

Désormais, il m’appartenait de vivre ma maladie en toute conscience. De passif, je devenais actif. Mon état qui me révoltait peu de temps auparavant, devenait une étape importante de ma vie, l’occasion de rencontrer Dieu, et de nouer avec Lui une relation d’intimité. Au sens propre du terme, je me déchargeais de mon „état” sur Lui. A Lui d’en faire un instrument de salut pour les
autres et, s’Il en décidait ainsi, pour moi-même.

Je me sentais tout d’un coup dégagé d’un poids psychologique. Ma maladie était toujours là, mais elle avait perdu son pouvoir destructeur : ce n’était que de la „matière”, en quelque sorte… Masque grimaçant qui n’était pas moi-même. Sans doute, mon âme commençait-t-elle à guérir.

Vous qui êtes malade, enfermé dans votre chambre, enchaîné à un lit ou à vous-même, vous qui êtes inquiet, seul, désespéré, prenez le temps d’écouter ce que veut vous dire votre maladie. Prenez le temps d’écouter ce que veut vous dire le Seigneur au travers de votre maladie. Tournez votre cœur vers Lui, et prenez conscience de l’immense affection qu’Il a pour vous, et qu’Il souhaite vous manifester à travers vos souffrances. Car votre maladie, c’est de vous croire seul. Votre maladie , c’est votre manque de joie. Votre maladie, c’est votre manque de confiance.
Combien de cancers se sont déclenchés à la suite de chocs psychologiques ? Combien de maladies sont des fuites ou des refuges inconscients ?

Si tu veux être soigné, ne fais pas de tes souffrances une affaire „qui te concerne,” une affaire „égoïste” : voilà le message que je percevais clairement, apparemment seul dans mon lit ringard, d’un pavillon ringard .

Voilà que mon cœur prenait, chaque jour, davantage conscience de Son indicible Présence.

Voilà que chaque jour mon corps s’ouvrait à la vie.

A l’aube du vingt et unième jour, j’étais guéri….

Ne soyez pas étonné, vous qui me lisez, quand je vous dis que le Christ est vivant.

Ne soyez pas étonné, quand je vous dis que le Christ est actif, tous les jours, à l’intérieur de vous- même : il vous suffit de l’accueillir et de vous laisser faire.

Vous vous demandez sans doute comment je peux affirmer cela : vous souhaitez des preuves, et c’est bien naturel… C’est pourtant ainsi que les choses se sont passées : ce matin-là, j’eus la certitude d’être définitivement guéri. Je savais… et j’attendais avec impatience le lendemain car je devais à nouveau être hospitalisé pour subir une deuxième séance de chimiothérapie. L’occasion de faire un bilan sanguin. L’occasion de faire le point sur la maladie.

Ce fut la prise de sang la plus douce qu’il m’ait été donné de subir. Et l’attente des résultats me parut interminable. Cinq jours !… Cinq longs jours, passés sur mon lit de clinique à subir une seconde chimiothérapie devenue peut-être inutile. Cinq jours de souffrances dans mon corps et dans mon cœur. Cinq jours où ma certitude folle s’affrontait au doute et au désespoir. Et si tout cela n’était que le fruit de mon imagination ? Et si j’étais tout à la fois malade et débile ?…. Et si j’étais tout simplement victime de mon délire ?

La réponse me fut apportée par un coup de téléphone.
– „Thierry, tu es guéri…”
– „Comment cela, Pierre ?”
– „Tu es guéri…, tu n’as plus aucune trace dans le sang de la vacherie que tu avais… Les médecins n’y comprennent rien, mais tu es guéri….”

C’était mon oncle, médecin, qui m’annonçait la nouvelle. Depuis le début, il suivait mon dossier médical et restait en liaison avec le chirurgien et le chimiothérapeute. J’étais abasourdi, mais je ne sais pas ce qui me touchait le plus. La guérison, ou le mystère…

Bien des années plus tard, je compris que l’essentiel de mon histoire n’avait pas été ma guérison, mais le moyen par laquelle elle est arrivée, ou plus exactement la Personne qu’il m’a été donné de rencontrer.

Aucune situation n’est désespérée, si elle est vécue dans la conscience et dans l’amour. Et la seule prière qui nous est donnée de dire est :

„Seigneur, fais mourir en moi le vieil homme pour que je renaisse à l’homme nouveau”, car seul Dieu peut nous donner la Vie.