Sainte Hildegarde de Bingen (+1179)

Fêtée le 17 septembre

 

Hildegarde était d’une famille noble germanique. Très jeune, on la confie au couvent de Disbodenberg, un monastère double, sur les bords du Rhin, où moines et moniales chantent la louange divine en des bâtiments mitoyens. Devenue abbesse, elle s’en va fonder une autre communauté à Bingen, puis une à Eibingen. Elle voyage, va où on l’appelle, prêche dans les cathédrales et les couvents, correspond avec toutes les têtes couronnées, les pontifes de son temps, saint Bernard et bien d’autres. Elle plaide pour une réforme radicale de l’Eglise. Depuis sa petite enfance, elle est favorisée de visions exceptionnelles. Par obéissance, elle les couchera sur le papier. Ses récits apocalyptiques (au sens littéral de dévoilement des fins dernières) donnent de l’univers une vision étonnante de modernité où la science actuelle peut se reconnaître (création continue, énergie cachée dans la matière, magnétisme) mais qui peut aussi apaiser la soif actuelle de nos contemporains tentés par le « Nouvel Age » : « Le monde ne reste jamais dans un seul état », écrit-elle. L’essentiel de sa pensée réside dans le combat entre le Christ et le prince de ce monde, au coeur d’un cosmos conçu comme une symphonie invisible. Dante lui emprunta sa vision de la Trinité.

Cette multitude des anges a une raison d’être qui est liée à Dieu plus qu’à l’homme et elle n’apparaît aux hommes que rarement. Certains anges, cependant, qui sont au service des hommes, se révèlent par des signes, quand il plaît à Dieu.(Sainte Hildegarde – Le livre des œuvres divines)

Un saint populaire: Antoine de Padoue, frère mineur

Alsace, Haut-Rhin, Colmar, Musée d'UnterLinden : Mathias G… | Flickr

Saint Antoine écrit: « Le Christ, qui est ta vie, est accroché devant toi, pour que tu regardes dans la croix comme dans un miroir. Là tu pourras voir combien tes blessures furent mortelles, aucune médecine n’aurait pu les guérir, si ce n’est celle du sang du Fils de Dieu. Si tu regardes bien, tu pourras te rendre compte à quel point sont grandes ta dignité humaine et ta valeur… En aucun autre lieu l’homme ne peut mieux se rendre compte de ce qu’il vaut, qu’en se regardant dans le miroir de la croix » (Sermones Dominicales et Festivi III, pp. 213-214).

En méditant ces paroles nous pouvons mieux comprendre l’importance de l’image du Crucifix pour notre culture, pour notre humanisme né de la foi chrétienne. C’est précisément en regardant le Crucifié que nous voyons, comme le dit saint Antoine, à quel point est grande la dignité humaine et la valeur de l’homme. En aucun autre lieu on ne peut comprendre combien vaut l’homme, pourquoi précisément Dieu nous rend aussi importants, nous voit aussi importants, au point d’être, pour Lui, dignes de sa souffrance; ainsi toute la dignité humaine apparaît dans le miroir du Crucifié et le regard vers Lui est toujours une source de reconnaissance de la dignité humaine.

Chers amis, puisse Antoine de Padoue, si vénéré par les fidèles, intercéder pour l’Eglise entière, et surtout pour ceux qui se consacrent à la prédication; prions le Seigneur afin qu’il nous aide à apprendre un peu de cet art de saint Antoine. Que les prédicateurs, en tirant leur inspiration de son exemple, aient soin d’unir une solide et saine doctrine, une piété sincère et fervente, une communication incisive.

… prions afin que les prêtres et les diacres exercent avec sollicitude ce ministère d’annonce et d’actualisation de la Parole de Dieu aux fidèles, en particulier à travers les homélies liturgiques. Que celles-ci soient une présentation efficace de l’éternelle beauté du Christ, précisément comme Antoine le recommandait: « Si tu prêches Jésus, il libère les cœurs durs; si tu l’invoques, il adoucit les tentations amères; si tu penses à lui, il illumine ton cœur; si tu le lis, il comble ton esprit » (Sermones Dominicales et Festivi, p. 59).

D’une catéchèse du Pape Benoît XVI à l’audience générale du 10 février 2010

Teilhard sur les sources du bonheur

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Premier Novembre : la solennité de Tous les Saints, fête d’un bonheur paradoxal. Car Dieu, ne l’ignorons pas, et osons le croire, nous veut heureux. A sa façon ! „Pauvres en esprit”, comme la Sagesse qui bâtit le Royaume. Altruistes, comme Celui qui a donné sa vie pour nous. Compatissants et généreux, comme le Christ. Oublieux de notre petit moi, pour viser à l’essentiel: ce plus grand que nous qui nous attend en nous-mêmes.

Ne pas céder à la paresse, mais construire

Pour être heureux, premièrement, il faut réagir contre la tendance au moindre effort qui nous porte, ou bien à rester sur place, ou bien à chercher de préférence dans l’agitation extérieure le renouvellement de nos vies. Dans les riches et tangibles réalités matérielles qui nous entourent il faut sans doute que nous poussions des racines profondes. Mais c’est dans le travail de notre perfection intérieure, – intellectuelle, artistique, morale –, que pour finir le bonheur nous attend. La chose la plus importante dans la vie, disait Nansen1, c’est se trouver soi-même. L’esprit laborieusement construit à travers et au-delà de la matière –Centration.

Refuser l’égoïsme qui nous enferme et/ou veut dominer

Pour être heureux, deuxièmement, il faut réagir contre l’égoïsme qui nous pousse, ou bien à nous fermer en nous-mêmes, ou bien à réduire les autres sous notre domination. Il y a une façon d’aimer, – mauvaise, stérile –, par laquelle nous cherchons à posséder, au lieu de nous donner. Et c’est ici que reparaît, dans le cas du couple ou du groupe, la loi du plus grand effort qui déjà réglait la course intérieure de notre développement. Le seul amour vraiment béatifiant est celui qui s’exprime par un progrès spirituel réalisé en commun. – Décentration.

Nous décentrer: mettre notre centre dans plus grand que nous.

Et pour être heureux, – tout à fait heureux, troisièmement – il nous faut, d’une manière ou de l’autre, indirectement ou à la faveur d’intermédiaires graduellement élargis (une recherche, une entreprise, une cause…) transporter l’intérêt final de nos existences dans la marche et le succès du Monde autour de nous. Comme les Curie, comme Termier2, comme Nansen, comme les premiers aviateurs, comme tous les pionniers dont je vous parlais plus haut, il faut, pour atteindre la zone des grandes joies stables, que nous transférions le pôle de notre existence dans le plus grand que nous. Ce qui ne suppose pas, rassurez-vous, que nous devions pour être heureux faire des actions remarquables, extraordinaires, mais seulement, ce qui est à la portée de tous, que, devenus conscients de notre solidarité vivante avec une grande Chose, nous fassions grandement la moindre des choses. Ajouter un seul point, si petit soit-il, à la magnifique broderie de la Vie ; discerner l’Immense qui se fait et qui nous attire au cœur et au terme de nos activités infimes ; le discerner et y adhérer : – tel est, au bout du compte, le grand secret du bonheur… – Surcentration.

Teilhard de Chardin (1881-1955)
texte extrait de Sur le bonheur.

1 Fridjdoft Nansen (1861 – 1930) fut un grand explorateur, un éminent scientifique et un grand diplomate norvégien ; il reçut le prix Nobel de la paix en 1922.

2 Pierre Termier, (1859-1930) est un géologue français. Spécialiste de la tectonique et de la synthèse structurale des Alpes, il a étudié les mouvements tangentiels de la chaîne.

Le saint de ce jour

„Raymond Kolbe naquit en Pologne à Zdunska-Wola, en 1894. Il entre au noviciat des frères conventuels franciscains en 1910 sous le nom de Maximilien, auquel il ajoutera celui de Marie à sa profession solennelle en 1914. Il poursuit ses études à Rome à l’Université grégorienne. En 1917, avec quelques confrères, il fonde un mouvement marial au service de l’Église et du monde : „La Milice de l’Immaculée”.

Prêtre, il rentre en Pologne et enseigne la philosophie et l’histoire de l’Église au couvent de Cracovie. Malgré sa santé fragile (il vécut avec un seul poumon à partir de 1921) et l’incompréhension de son entourage, il continue à propager la Milice de l’Immaculée.

Théologien, mystique et apôtre, Maximilien a trouvé l’unité de sa vie dans son culte pour l’Immaculée, qui se concrétise dans le don de soi.

Il lance un bulletin mensuel, Le chevalier de l’Immaculée, il crée à Teresin un centre de vie religieuse et apostolique appelé La cité de l’Immaculée. Il se rend au Japon et fonde à Nagasaki une seconde Cité et prépare d’autres fondations en Asie.

Déporté en Allemagne en 1939, le 29 mai 1941, il arrive au camp d’Auschwitz. C’est là qu’il s’offre à la place d’un père de famille, (qui devait être châtié) en représailles d’une évasion. Choisissant librement d’être condamné avec 9 autres prisonniers, il est enfermé dans un bunker pour y mourir de faim. Il meurt le dernier, le 14 août, veille de la fête de l’Assomption, après avoir réconforté ses compagnons. Jean-Paul II l’a canonisé en 1982.

Le F. Maximilien Kolbe en 1939. © D. R.

Méditation

Maximilien, toi notre frère aîné dans la foi, tu as offert librement ta vie par Amour de Dieu et de ton prochain. Aujourd’hui, le don de ta vie nous interpelle sur nos chemins de foi, d’amour, sur toutes nos routes humaines d’ombres et de lumières.

Seigneur, à la prière de Maximilien, guide nos pas sur les chemins du don et de l’Amour vrai et libre, avec ta grâce. Que notre vie soit belle et simple, un peu plus chaque jour tournée vers Toi !”

Soeur Marie-Bénédicte, clarisse, texte paru dans la Croix, mardi 14 août 2018