Il est essentiel que nous sachions remercier Dieu. De quoi ? Mais tout d’abord d’être Dieu ; c’est la grande prière de reconnaissance à son égard. Merci, Seigneur, dit le Gloria de la messe, pour votre immense gloire. Remercier Dieu d’être Dieu, dans la communion à sa joie propre. Charles de Foucauld exprimait sa gratitude en disant à Dieu, au milieu de ses peines et de ses croix personnelles, ce mot qui est un élan d’adoration très pure et une mise en place de toutes choses : « Mon Dieu, votre bonheur me suffit. » Ce merci-là, c’est la charité théologale en toute logique.
Il faut remercier Dieu aussi pour tout ce que nous lui devons. Il y a là un motif permanent d’allégresse et de reconnaissance. On n’en finirait pas d’énumérer ses bienfaits. Qu’il nous suffise de dire qu’il nous faut remercier Dieu d’être notre Père, car nous avons la joie d’être en toute vérité ses enfants : nous sommes des naturalisés divins, des fils d’adoption.
Et remercier Dieu d’être notre Frère, d’être devenu l’un d’entre nous pour que, en lui et par lui, nous entrions dans la famille divine avec pleins droits et part entière.
Et remercier Dieu d’être sanctifiés par l’Esprit « qui fait les saints et les vivants », qui veut nous faire pénétrer dans la profondeur même de Dieu et nous associer à l’élan de son amour.
Il faut savoir remercier aussi pour chaque objet mis à notre disposition : pour cette maison qui nous abrite, cette table, se lit, ce fauteuil, ces livres, cette lampe qui brûle, ce feu qui réchauffe, ces amis rencontrés au hasard de la vie, et mille et mille autres choses à portée de la main. C’est Dieu qui nous a donné cela à travers les causes secondes. C’est vers lui que doit monter la gratitude comme vers la cause suprême de tous nos biens.
Il est souvent intéressant et éclairant de saisir au vol les dernières paroles prononcées ici-bas par quelque âme d’élite. Parfois elles traduisent toute une vie et ouvrent des horizons sur la spiritualité qui l’anima. Connaissez-vous l’ultime prière de sainte Claire, cette âme fraîche et pure qui fit écho si généreusement à l’Évangile ? Sentant qu’elle allait mourir, elle se tourna vers Dieu dans une ultime prière et on l’entendit murmurer ces mots : « Merci, Seigneur, de m’avoir créée. »
Traité de la maison intérieure et de l’édification de la conscience
De sept colonnes à élever pour bâtir la maison de la conscience, et d’abord de la bonne volonté, qui est la première.
6. Que la Sagesse donc se bâtisse une maison : qu’elle dresse sept colonnes pour supporter tout l’édifice.
La conscience est la maison les colonnes sont la bonne volonté, la mémoire, c’est-à-dire le souvenir des bienfaits de Dieu : le cœur pur, l’esprit libre, l’esprit droit, la pensée dévote, la raison éclairée.
Qu’on élève d’abord la colonne qui est la première. Car entre tous les dons du Seigneur qui paraissent se rapporter au salut de l’homme, le bien premier et principal, c’est la bonne volonté par laquelle se rétablit en nous l’empreinte de la ressemblance avec Dieu.
Elle est le premier, parce que tout bien débute par la bonne volonté. Elle est le principal, parce que rien n’est donné aux hommes de plus utile que la bonne volonté. Quelque action que fasse l’homme, elle ne peut être bonne, si elle ne procède de la bonne volonté.
Sans bonne volonté il est absolument impossible de se sauver : avec elle, nul ne peut périr. Elle ne peut être donnée à l’homme malgré lui, elle ne peut lui être ravie que s’il y consent. Elle est la volonté de l’homme et la puissance de Dieu. Elle est la volonté de l’homme, parce qu’il dépend de lui de vouloir, voilà pourquoi aussi tout le mérite est dans la volonté.
Autant vous voulez, autant vous méritez. Autant croit en vous la bonne volonté, autant croit votre mérite. Rendez-la donc bien grande, si vous voulez que vos mérites soient considérables. Ainsi Dieu, comme un père très-miséricordieux et très-pieux, a placé le secret de notre rédemption, en ce point que nul ne peut être dans la disette s’il ne le veut.
Aimer, tous les hommes riches ou pauvres, le peuvent, bien que tous ne puissent distribuer également de l’argent. Cependant la volonté n’est pas bonne, si elle n’opère point ce qu’elle peut.
Le 21 mars 547 meurt saint Benoît de Nursie, un moine italien né 67 ans plus tôt dans la pire période des invasions barbares. On lui doit la redécouverte de la culture antique et la règle monastique dite « bénédictine » qui va valoriser le travail dans toutes les couches de la société.
Un moine d’exception
Après des études de droit à Rome, Benoît se retire dans une grotte pour prier et pratiquer l’ascèse mais sa réputation de sainteté lui vaut d’être rejoint par d’autres ermites.
Benoît rassemble ses compagnons dans les ruines d’une forteresse, sur le mont Cassin, entre Naples et Rome. Puis il édicte pour eux une règle très simple, en 73 chapitres courts et un prologue.
À la différence des règles en usage dans les monastères orientaux, la sienne combine la prière, le travail et la tempérance dans un climat d’équilibre et de paix. « Ora et labora » (prier et travailler) était sa devise.
Le travail lui-même doit se partager entre les tâches intellectuelles (instruction, étude et copie des textes anciens…) et les tâches ordinaires (travaux ménagers, artisanaux ou agricoles).
Une règle à vocation universelle
La règle de saint Benoît de Nursie est reprise deux siècles plus tard, sous le règne de Charlemagne, par saint Benoît d’Aniane, fondateur de plusieurs monastères en pays franc. En 817, au concile d’Aix-la-Chapelle, l’empereur Louis le Pieux, fils et successeur de Charlemagne, l’impose à tous les monastères de son empire.
Cette règle dite « bénédictine » va contribuer d’une manière décisive au renouveau de la chrétienté occidentale en invitant les moines à redécouvrir l’héritage de l’Antiquité et surtout en valorisant le travail manuel.
Je voudrais parler aujourd’hui de saint Benoît, fondateur du monachisme occidental et aussi patron de mon pontificat. Je commence par une parole de saint Grégoire le Grand, qui écrit à propos de saint Benoît : « L’homme de Dieu qui brilla sur cette terre par de si nombreux miracles, ne brilla pas moins par l’éloquence avec laquelle il sut exposer sa doctrine » (Dial. II, 36). Telles sont les paroles que ce grand pape a écrit en l’an 592 ; le saint moine était mort à peine cinquante ans auparavant et il était encore vivant dans la mémoire des personnes et en particulier dans l’ordre religieux florissant qu’il avait fondé. Saint Benoît de Nursie, par sa vie et par son œuvre, a exercé une influence fondamentale sur le développement de la civilisation et de la culture européenne. (…)
Entre le cinquième et le sixième siècle, le monde était bouleversé par une terrible crise des valeurs et des institutions, causée par la chute de l’Empire romain, par l’invasion des nouveaux peuples et par la décadence des mœurs. En présentant saint Benoît comme un « astre lumineux », Grégoire voulait indiquer dans cette situation terrible, précisément ici dans cette ville de Rome, l’issue de la « nuit obscure de l’histoire » (Jean-Paul II). De fait, l’œuvre du saint et en particulier sa Règle se sont révélées porteuses d’un authentique ferment spirituel qui a transformé le visage de l’Europe au cours des siècles, bien au-delà des frontières de sa patrie et de son temps, suscitant après la chute de l’unité politique créée par l’empire romain une nouvelle unité spirituelle et culturelle, celle de la foi chrétienne partagée par les peuples du continent. C’est précisément ainsi qu’est née la réalité que nous appelons « Europe ».
Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église Sermon 155, 5-6 ; PL 38, 843
Pentecôte, l’achèvement de Pâques
Le peuple juif célébrait la Pâque, vous le savez, par l’immolation d’un agneau qu’il mangeait avec des pains azymes. Cette immolation de l’agneau symbolisait l’immolation de Jésus Christ et les pains azymes la vie nouvelle purifiée de l’ancien levain… Et, cinquante jours après la Pâque, ce peuple fêtait le moment où Dieu a donné sur le mont Sinaï la Loi écrite de son doigt. À la préfiguration de la Pâque succède la Pâque en plénitude (1Co 5,7) ; Jésus Christ est immolé et nous fait passer de la mort à la vie. Le mot Pâque, en effet, signifie « passage », ce qu’exprime l’évangéliste quand il dit : « L’heure était venue où Jésus devait passer de ce monde à son Père » (Jn 13,1)…
La nouvelle Pâque est donc célébrée, le Seigneur est ressuscité, il nous fait passer de la mort à la vie…, et cinquante jours après, l’Esprit Saint, « le doigt de Dieu » (Lc 11,20), descend sur les disciples. Mais voyez quelle différence dans les circonstances. Là le peuple se tenait au loin : c’était la crainte et non l’amour qui le dominait… ; Dieu est descendu sur le mont Sinaï au milieu du feu, frappant le peuple d’épouvante… Au contraire, lorsque l’Esprit Saint est descendu, les disciples « étaient tous ensemble en un même lieu », et l’Esprit, loin de les effrayer du haut de la montagne, est entré dans la maison où ils étaient réunis (Ac 2,1s)… « Ils virent, dit l’Écriture, comme un sorte de feu qui se partageait en langues. » Était-ce un feu qui provoquait la peur ? Pas du tout. « Ces langues se posèrent sur chacun d’eux et ils commencèrent à parler diverses langues selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. » Écoutez la langue qui parle et comprenez que c’est l’Esprit qui écrit, non sur la pierre mais dans les cœurs (Ex 31,18 ; 2Co 3,3). Ainsi donc, « la Loi de l’Esprit de vie » (Rm 8,2), écrite dans le cœur et non sur la pierre, est en Jésus Christ en qui la Pâque a été célébrée en toute vérité.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14,23-29
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ;
mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi.
Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez.
Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582) carmélite, docteur de l’Église
« Si quelqu’un m’aime … nous viendrons chez lui ; nous irons demeurer auprès de lui »
J’étais une fois profondément recueillie dans la divine compagnie que j’ai toujours en mon âme ; Dieu me paraissait tellement présent en moi que je songeais à cette parole de saint Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16).
Et en effet, il me semblait que le Dieu vivant habitait réellement dans mon âme. Cette présence est différente de certaines visions que j’ai eues : elle donne une telle force à la foi que l’on ne peut aucunement douter que la Trinité est en notre âme par présence, par puissance et par essence. L’âme retire un immense profit de l’intelligence de cette vérité.
Comme j’étais saisie d’effroi en voyant une si haute Majesté présente dans une créature aussi basse que mon âme, j’entendis ces paroles : « Ton âme n’est pas basse, ma fille, car elle est faite à mon image » (Gn 1,27). (…)
Jouissant un jour de la présence des trois Personnes que je porte en mon âme, la lumière dans laquelle je les voyais en moi était si vive, qu’il n’y avait aucun doute que ce ne soit là le Dieu vivant, le vrai Dieu. (…)
Je songeais combien la vie est amère, puisqu’elle nous empêche de nous tenir toujours en cette si admirable compagnie. (…) Et le Seigneur m’a dit : « Ma fille, après cette vie, tu ne pourras plus me servir de la même manière que maintenant.
Alors, que tu manges ou que tu dormes, quoi que tu fasses, fais-le par amour pour moi, comme si tu ne vivais plus toi-même, mais moi en toi. C’est là ce que disait saint Paul » (Ga 2,20).
La guérison de Mayline, le miracle attribué à Pauline Jaricot
Béatification le 22 mai 2022 !
En 2012 Mayline, 3 ans et demi, s’est étouffée alors qu’elle mangeait une saucisse. Si le diagnostic des médecins est sans espoir – ils annoncent aux parents son décès imminent -, la petite fille guérie d’une manière surprenante, recouvrant progressivement toutes ses facultées. Alors que l’Eglise vient d’attribuer ce miracle à la vénérable Pauline Jaricot, ouvrant la voie à sa béatification prochaine, le père de Mayline revient pour Aleteia sur cet événement qui a bouleversé sa vie.
« C’est la douleur la plus violente que Nathalie, mon épouse, et moi-même ayons ressentie. C’est comme si on nous vidait de l’intérieur et que plus rien n’avait de sens et de saveur ». Cette période, Emmanuel, le père de Mayline, la jeune fille dont la guérison a été reconnue par l’Église comme un miracle attribué à Pauline Jaricot, ouvrant ainsi la voie à sa prochaine béatification, s’en souvient encore aujourd’hui avec une violente émotion. Nous sommes en mai 2012. Âgée de seulement 3 ans et demi, la petite Mayline est victime d’un étouffement. À cause d’un mauvais transit de nourriture – un bout de saucisse s’étant coincé dans sa gorge -, l’enfant s’étouffe. « Son cœur s’est arrêté dans mes bras », se souvient Emmanuel, son père.
Les secours arrivent et tentent de faire repartir son cœur. La fillette, qui fait de nombreux arrêts cardiaques sur le trajet l’emmenant à l’hôpital est finalement diagnostiquée Glasgow 3. « On nous a annoncé que son état neurologique était irréversible et son décès imminent », reprend son père. Dans les jours qui suivent, les rendez-vous médicaux s’enchaînent et l’issue paraît inéluctable : la situation dans laquelle se trouve Mayline est sans espoir. « Après lui avoir fait passer un IRM les médecins nous ont dit que si elle ne mourrait pas maintenant, elle allait mourir dans les prochaines semaines ».
Mayline ouvre bien les yeux dans les jours qui suivent l’accident. « Mais on s’est rendu compte qu’elle n’était plus là, comme si quelqu’un avait éteint la lumière », se remémore Emmanuel. « Avec ma femme nous nous sommes regardés et… ». Aucun mot n’est assez fort pour décrire ce sentiment « d’être vidé de tout, de ne plus rien ressentir », reprend le père de famille. Au même moment, c’est-à-dire à peu près quinze jours après l’accident, les parents d’élèves de l’école de Mayline décide de lancer, avec Mgr Barbarin, une neuvaine à la vénérable Pauline Jaricot. En effet le diocèse de Lyon dont elle est native célèbre le 150e anniversaire de la naissance de la vénérable Pauline Jaricot, qui a fait connaître à ses contemporains l’importance de la mission de l’Église dans le monde. La neuvaine se termine le 23 juin. À ce moment là, Mayline est dans le coma, sous assistance respiratoire et sous alimentation artificielle, « avec un traitement de stimulation du cœur qui a conduit à une embolie pulmonaire, avec des convulsions fortes dès qu’on arrêtait les traitements ». Les médecins se prononcent alors pour l’arrêt des soins. Mais les parents de la fillette souhaitent que Mayline continue à être alimenté artificiellement.
Début juillet, Mayline est transférée à Nice. Son père, restaurateur vient de changer de travail et toute la famille suit. Avant son transfert, la fillette reçoit le sacrement des malades « afin qu’elle puisse être accueillie le mieux possible par Dieu », souffle son papa. Bien qu’elle soit dans un état végétatif, avec une forte dégradation de son état cérébral, la petite fille supporte le trajet. Mais une fois à Nice, quand ils la revoient, ses parents ont l’impression que quelque chose a changé. « Nous étions en train de chercher un cercueil pour Mayline après ce que les médecins nous avaient dit », explique Emmanuel. « Mais en la revoyant à l’hôpital de Nice, nous avions l’impression qu’il y avait quelque chose de différent, comme si elle reprenait vie ».
S’ils expliquent aux parents que l’état de Mayline a en effet évolué, les médecins niçois sont d’abord pessimistes. Écartant le diagnostic vital, ils prédisent une vie à l’état végétatif pour la jeune fille. Sauf que semaine après semaine, celle-ci « reprend finalement totalement vie. Elle est aujourd’hui en pleine santé, à la surprise du corps médical. Les médecins n’ont jamais pu nous expliquer ce qui se passait, ils ne nous ont pas donné de seuil de progression ni de limite à sa progression », détaille le père de Mayline. Fin 2012, Malyline peut finalement sortir de l’hôpital à l’approche des fêtes de Noël.
Emmanuel se souvient encore avec précision avoir croisé quelques jours plus tard le médecin qui soignait Mayline à l’hôpital : « C’était le 22 décembre en plein pendant les dernières courses de Noël. j’étais avec Mayline dans la rue quand on s’est croisé. Nous nous sommes salués et regardant Mayline je lui ai demandé de m’expliquer car je ne comprenais pas : on m’avait dit qu’elle allait mourir, qu’elle ne serait capable que d’ouvrir les yeux, qu’elle n’aurait aucune perception de son environnement… Pourtant elle était là, comme n’importe quelle fillette de son âge ! », résume-t-il. Le médecin lui a alors répondu : « Imaginez que vous êtes en voiture sur l’autoroute et que le moteur s’arrête, que vous n’avez plus d’essence. Impossible de la faire avancer n’est-ce pas ? Et bien Mayline c’est ça, sauf que la voiture a été redémarrée ».
L’enquête sur la guérison
Mayline sauvée, ses parents sont convaincus de l’intervention de la vénérable Pauline Jaricot en faveur de la guérison de leur fille. « Aujourd’hui, je prie quotidiennement Dieu, Marie et Pauline Jaricot. Je ne demande plus rien dans mes prières, je remercie et je rends grâce », résume le père de Mayline.
Ce formidable témoignage est alors examiné lors d’une enquête diocésaine en 2019 avant d’être transmis à la Congrégation pour la cause des saints. Sa commission médicale valide le miracle de guérison comme étant un fait inexplicable. La commission de théologie certifie pour sa part l’intervention de la vénérable Pauline Jaricot sur la guérison.
L’intervention de celle qui aida à faire connaître et à répandre la mission de l’Église dans le monde, est un véritable signe que ses actions sont toujours bienfaitrices, même après sa mort. Ce miracle inexplicable aux yeux des hommes, l’est aux yeux de Dieu ainsi que pour tous ceux qui croient fermement en son intercession. Pauline Jaricot manifeste encore une fois au monde, et cette fois-ci à celui du XXIe siècle, que l’Église a plus que tout besoin de fidèles baptisés, de disciples-missionnaires, forts de leur foi et de la merveilleuse espérance qu’ils placent en Dieu.
Le Père Bernard Ardura, le postulateur de la cause en canonisation du Père de Foucauld, revient sur le miracle qui a préservé un jeune charpentier. Il a travaillé sur la reconnaissance du miracle qui va permettre au bienheureux français de devenir saint.
En quoi la postulation de la cause de Charles de Foucauld a-t-elle été particulière pour vous? Bernard Ardura: Le miracle qui va permettre à Charles de Foucauld de devenir saint est tout à fait singulier. Il appartient à une catégorie peu fréquente de miracles. Il ne s’agit pas d’une «guérison», mais d’un cas qu’on appelle en Italie «Scampato pericolo», que l’on peut traduire par «Danger évité».
Il a donc fallu techniquement prouver que le jeune Charle a échappé à un drame qui aurait dû le conduire à la mort ou à la tétraplégie. Un ingénieur en aérodynamique a étudié le cas, prenant en compte la durée de la chute ainsi que la vitesse à laquelle le jeune charpentier a touché le sol. Les médecins, statistiques à la main, ont déduit de ces informations les effets attendus. Il en ressort que ce qui s’est passé ne correspond pas aux effets prévus par la science. Charle est tombé et un accoudoir a transpercé son côté. Aucun organe vital n’a été touché, il n’a eu aucune séquelle, ni psychique, ni physique. Le jeune chirurgien qui l’a opéré m’a dit : «C’était très impressionnant à voir, mais j’ai tout de suite su que ce n’était pas grave».
Comment peut-on être certain que ce miracle est dû à l’intercession de Charles de Foucauld? Toute ma démonstration a consisté à mettre en lumière les coïncidences providentielles autour de cet événement. D’abord, une coïncidence temporelle. Ce miracle a eu lieu pendant l’année du centenaire de la mort de Charles de Foucauld, une année durant laquelle toutes les familles spirituelles du bienheureux ont prié, sur divers continents, pour obtenir des grâces et un miracle.
Or, l’accident s’est produit le 30 novembre 2016, la veille du 1er décembre, jour anniversaire de la mort de Charles. Vous savez que la liturgie fait commencer le jour avec les vêpres, quand le jour baisse. Dans la soirée, François Asselin, le patron de l’entreprise de Charle, a envoyé des dizaines de SMS pour demander à des proches de prier Charles de Foucauld pour son ouvrier. On peut donc dire que le miracle a eu lieu le jour de l’anniversaire de la mort. Autre coïncidence, la paroisse Charles de Foucauld de Saumur achevait sa neuvaine de prière en préparation de la fête.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 3,16-21.
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »
Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ;
mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
Une méditation de Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787) évêque et docteur de l’Église
Dieu a tant aimé le monde
Les miséricordes dont vous avez été l’objet sont des gages extrêmement sûrs de son amour pour vous. Or, quand Dieu aime une âme et qu’il en est sincèrement aimé, il lui déplaît de trouver en elle la défiance. Si donc vous voulez réjouir son Cœur si aimant, allez à lui, à partir de ce jour, dans toute la mesure que vous pourrez atteindre, avec la plus sincère confiance et la plus libre tendresse.
« J’ai gravé ton nom sur mes mains, disait le Seigneur à Jérusalem ; tes murailles sont toujours devant mes yeux » (cf. Is 49,16). Ainsi vous parle-t-il à vous-même : « Âme chérie, que crains-tu ? pourquoi cette défiance ? Ton nom, je le porte écrit dans mes mains : c’est-à-dire que je ne perds jamais de vue le bien à te faire. Ce sont tes ennemis qui te font trembler ? Sache que le souci de ta défense est tellement présent à ma pensée qu’il m’est impossible de m’en distraire. » (…)
Par-dessus tout avivez votre confiance par la pensée du don que Dieu nous a fait en Jésus-Christ : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). D’où pourrait, s’écrie l’Apôtre, nous venir la crainte que Dieu vous refusât aucun bien, après qu’il a daigné nous faire donation de son Fils même : « Il l’a livré pour nous tous : comment ne nous aurait-il pas donné aussi toutes choses avec lui ? » (Rm 8,32)
« Mes délices sont d’être avec les enfants des hommes » (Pr 8,31). Le paradis de Dieu, pouvons-nous dire, c’est le cœur de l’homme. Dieu vous aime ? Aimez-le. Se délices sont d’être avec vous ? Mettez vos délices à rester avec lui, à passer votre vie entière en sa toute aimable compagnie, qui sera, vous l’espérez bien, le charme de votre éternité.
Méditation de l’Evangile du mercredi 27 avril
Voici une méditation de saint Jean, sur la foi en Jésus-Christ, Fils unique de Dieu après le récit de la rencontre entre Jésus et Nicodème.
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui, ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. Celui qui croit en Lui n’est pas jugé ». Dieu nous donne son Fils unique pour que nous ayons la vie éternelle, et cela à une condition : croire. Et pour bien nous montrer l’amour extrême, porté par Dieu aux hommes, Jean met cet amour en parallèle avec l’amour paternel vis-à-vis d’un Fils unique. Chacun connaît la folie de l’amour qui remplit le cœur d’un père à l’égard de son fils unique… Puis il développe sa pensée : Dieu n’est pas un justicier, il n’a pas envoyé son Fils pour un règlement de compte, mais pour nous sauver. Le moyen de se sauver est simple : croire ! Croire au Nom du Fils unique de Dieu. « Celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ! Or, voici en quoi consiste le jugement : c’est que la Lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la Lumière… car leurs œuvres étaient mauvaises ». La seule condamnation vient du rejet de la Lumière apportée par le Fils unique de Dieu. Il a été élevé sur la croix, car ne fallait-il pas que tout homme le regarde comme le phare, la Lumière du monde ?…
Mais, nous dit jésus, ce qui nous empêche de donner notre adhésion, c’est notre méchanceté foncière, la méchanceté de nos œuvres, qui, dans la Lumière du Christ pendu à la croix, nous apparaissent crûment et nous déplaisent. Jésus n’est pas venu pour juger et condamner, mais pour sauver et apporter la vie éternelle. C’est l’homme qui, en le refusant librement, se condamne. La vie de Jésus est une Lumière qui éclaire tout homme.
Le Fr. Jean-Thomas de Beauregard, dominicain du couvent de Bordeaux, commente les lectures de la solennité de la saint Joseph. „Joseph ne prit jamais la parole, Il donna au monde cette parole qui est son enfant.”
Dans deux poèmes qu’il lui consacre, le poète catholique Paul Claudel (1868-1955) s’exclame au sujet de Joseph : « De nouveau, il est dans le paradis avec Ève ! » C’est vrai qu’à partir de ses fiançailles avec Marie, Joseph a fait une expérience proche de l’Éden : il vivait au milieu de l’innocence absolue de Marie et de Jésus, qui ne connaissaient pas le péché. Joseph lui-même, sans être miraculeusement préservé du péché, devait s’en tenir très éloigné : la sainteté est contagieuse. Dans toutes les autres familles, c’est le fils qui en vient à ressembler chaque jour un peu plus à son père. Mais Jésus ne partageait ni le sang ni les gènes de Joseph. Aussi, cas unique dans l’histoire, c’est le père qui jour après jour s’efforçait de ressembler un peu plus à son fils. Dans la discrétion de Nazareth, Joseph nous montre le chemin de l’humanité commune, qui du baptême à la gloire du Ciel passe de l’image de Dieu abîmée par le péché à la ressemblance du Christ. Et ce chemin ne peut se parcourir que dans le compagnonnage de la Vierge Marie.
Les contrariétés de l’existence
Par son climat d’innocence, Nazareth peut évoquer à Claudel l’expérience du paradis. Mais il n’en avait pas d’abord été ainsi. À l’instar d’Adam et Ève chassés par Dieu hors du paradis après avoir succombé aux tentations du Diable, Joseph et Marie pressés par un ange de Dieu ont fui la terre d’Israël pour échapper à la persécution d’Hérode. Ce n’est qu’après l’expérience de l’exil en Égypte que Joseph et Marie ont pu s’installer à Nazareth. Si la sainteté préserve du péché, elle ne préserve pas du malheur. Parfois même elle l’attire, car le Diable se déchaîne avec d’autant plus de violence qu’il perçoit une sainteté plus rayonnante et plus féconde.